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Le rêve d’un jeune monastique

Mes chers étudiants, proches et lointains,

Dans le livre des ‘Chants du Coeur’ , il y a un chant que j’aimais beaucoup quand j’étais novice. La prose de ce morceau est de toute beauté, et son contenu présente une véritable capacité à nourrir l’aspiration des monastiques. Chaque fois que le novice Phùng Xuân [ancien nom de Thầy] chantait ce morceau, il laissait les mots l’embrasser et pénétrer profondément ses vaisseaux sanguins et toutes les cellules de son corps. Ce chant est le merveilleux rêve d’un monastique, et je suis très reconnaissant envers le maître zen qui l’a écrit. Vous connaissez déjà ce chant, c’est le Chant du Renouveau et de Prise de Refuge pour la Vie. Son titre original est le Chant des Voeux . Le maître zen Jiao Ran (皎 然) l’a écrit au temps de la Dynastie Tang. Il était très renommé pour ses talents de poète et d’écrivain. C’est d’ailleurs lui qui a écrit les épitaphes pour les premiers maîtres zen. Il vécut au mont Yí Shan (怡山) et, par respect, les gens l’appelaient maître zen Yí Shan (怡山) et non pas maître zen Jiao Ran (皎 然). Avant son ordination monastique, son nom de famille était Xie () et son prénom Qing Zhou (请 晝). Le célèbre ouvrage qu’il nous a transmis est la Collection de la montagne, Chu Shan Ji (儲 山 集), un ensemble de dix volumes.

Dans les commentaires du livre Chants du Coeur, le maître zen Guan Yue (觀月) a écrit : “Si vous n’aimez pas ce Renouveau et ce Chant de Prise de Refuge pour la vie, vous pouvez le remplacer par un autre, comme le Chant de la terre, le Chant aux bouddhas dans les dix directions et les trois temps, ou le Chant de Prise de Refuge concentré sur un seul point”.Mais qui n’aime pas ce chant ? Je pense que de très nombreuses générations de monastiques ont été nourries et réconfortées par ce chant. Avant même d’avoir vingt ans, je rêvais de le traduire en vietnamien. Et ce rêve s’est réalisé lorsque j’étais un jeune enseignant du Dharma à l’Institut Bouddhiste Nam Việt. Je l’ai traduit dans la forme traditionnelle vietnamienne d’un poème à six-huit vers. À l’époque, de nombreux moines et moniales de l’Institut (Ấn Temple Quang) l’ont appris par cœur. Ce chant est actuellement publié dans notre livre “Chants du Cœur” et dans plusieurs autres livres de chants quotidiens en différentes langues.

La majorité des versets du texte chinois se compose de quatre ou six mots, habilement sélectionnés pour créer un ton tantôt doux et apaisant, tantôt vigoureux et puissant.

“Dans ma prochaine vie, grâce aux saintes graines de sagesse plantées dans cette vie, puissé-je renaître dans un environnement de riche culture et, en grandissant, puissé-je avoir la chance de rencontrer un maître sage et recevoir l’ordination durant mon enfance. Puissent mes six sens être aiguisés et mon corps, ma parole et mon esprit harmonieux. Puissent mes énergies ne pas être polluées par les habitudes du monde et puissé-je vivre une vie sainte et bienveillante. Je pratiquerai avec diligence les préceptes et les manières raffinées. Libéré du karma mondain, je saurai protéger tous les êtres vivants, même les plus petits”.

“Je pratiquerai le Dharma authentique et je comprendrai profondément les enseignements du Mahayana. Je pourrai ouvrir la porte de l’action aux six paramitas et réaliser ce que d’autres pratiquants consacrent des milliards de vies à réaliser”.

Très chers, en lisant ces mots, sentez-vous que ce sont là de grands rêves ? Comment pouvons-nous donner naissance à de telles aspirations si nous n’avons pas la graine de bodhicitta ou une aspiration de bodhisattva ?

Poursuivons ensemble la lecture de la section suivante :

“Je fonderai des centres de pratique un peu partout. Je briserai les nombreuses couches du filet de doute. Je vaincrai tous les obstacles de la tentation et je transmettrai la lampe du véritable Dharma. Ainsi, les Trois Joyaux continueront à briller à tout jamais dans le futur. J’assisterai tous les bouddhas dans les dix directions et ne me fatiguerai jamais. Je pratiquerai et réaliserai toutes les portes du Dharma. Je cultiverai la vision profonde et je servirai la société au profit de tous les êtres du monde. J’atteindrai les six pouvoirs miraculeux et réaliserai le fruit de l’éveil juste dans cette vie”.

Ensuite, je ne quitterai pas le monde de la réalité, mais je serai partout présent. L’énergie de ma compassion sera au moins aussi grande que celle d’Avalokita, et mon océan de vœux sera aussi vaste que celui de Samantabhadra”.

“En ce monde et dans d’autres mondes, je me manifesterai en différents corps afin de répandre le merveilleux Dharma.

Dans les royaumes des enfers et des fantômes affamés, j’irradierai de la lumière ou accomplirai des miracles afin que quiconque me voit ou entende mon nom fasse naître l’esprit d’amour et surmonte immédiatement toute souffrance.”

“Je transformerai toutes les terres sans vie desséchées par le feu et toutes les rivières gelées par la glace en forêts luxuriantes et parfumées.”

“En période d’épidémie, je créerai une myriade de plantes médicinales pour soigner les maladies, même incurables. En période de famine grave, je produirai une abondance de céréales pour soulager la faim et la pauvreté”.

“Je ne refuserai aucun travail qui puisse profiter à tous”.

“J’aiderai tout le monde, amis et ennemis dans de nombreuses vies, ainsi que les parents dans cette vie, afin que chacun puisse libérer les liens d’attachement et qu’ensemble, avec tous les êtres vivants, nous atteignions l’illumination.

Mon aspiration est encore plus illimitée que l’espace lui-même. Je fais le vœu que tous les êtres, qu’ils soient sensibles ou non, atteignent les fruits de l’éveil le plus élevé”.

Les paroles de ce chant ont arrosé les graines de bodhicitta du jeune novice qui chantait chaque matin. Il ne savait pas pourquoi, mais il a toujours cru que ce rêve se réaliserait, même si, dans son environnement, aucun signe ne l’indiquait, et que personne n’avait encore pu en prendre conscience.

Les paroles de ce chant sont si belles que je les utilise comme noms de Dharma pour les jeunes novices que j’ordonne au Village des Pruniers. Chen Hương Lâm, par exemple, est le nom donné à la vénérable moniale Đàm Nguyện qui vit à Hanôi. Hương Lâm signifie forêts odorantes. “Toutes les terres sans vie desséchées par le feu, toutes les rivières gelées par la glace, je les transformerai en forêts luxuriantes et parfumées”.

Ce texte est véritablement poétique et s’inscrit dans notre aspiration à protéger l’environnement. Les versets sont si puissants que nous avons l’impression de ne plus être de petits dévots qui prient, mais de grands êtres dotés d’un pouvoir miraculeux capable de libérer tous les êtres sans exception. “L’énergie de ma compassion sera au moins aussi grande que celle d’Avalokita, et mon océan de vœux sera aussi vaste que celui de Samantabhadra.”

Ceux qui récitent ce chant n’ont plus de complexe d’infériorité, et se sentent eux aussi capables d’accomplir les actes de ces grands bodhisattvas.

De tels vers peuvent ébranler tout l’être de ceux qui les chantent : “Celui qui me voit ou entend mon nom éveillera l’esprit d’amour et vaincra immédiatement toute souffrance”. Nous le savons : “Je ne suis pas moins que n’importe quel bouddha ou bodhisattva sur sa voie de service”.

Est-ce juste un rêve ? Ou est-ce quelque chose qui doit être accompli ?

De nombreuses générations de pratiquants, dont vous faites partie, ont chanté ce chant du refuge ; sans doute vous êtes-vous posé cette question. Pour ma part, je ne l’ai pas formulée. Même si autour de moi, il n’y avait aucun signe indiquant que le rêve pouvait se réaliser, je le gardais au fond de mon cœur, convaincu qu’il allait se réaliser. Les années 40 et 50 ont été des décennies de guerre et de famine. Les monastiques ont essayé par tous les moyens possibles de maintenir la pratique dans l’enceinte de leurs temples, ce qui n’a pas empêché de rencontrer de nombreuses difficultés. Même les jeunes monastiques ont souffert de l’oppression, de l’emprisonnement et ont été tués. En tant que jeune moine, j’ai étudié l’histoire des dynasties Ly et Tran et j’ai compris que si le Bouddhisme avait la capacité de renforcer et de maintenir la paix et la prospérité de la nation au cours de ces périodes, alors il devrait avoir la même capacité à notre époque. Pourquoi pas ? Telle était ma question, même si durant ces décennies, le Bouddhisme était encore incapable de surmonter la situation de déclin. Sans doute les grandes contributions du Bouddhisme durant les dynasties Ly et Tran m’ont-elles donné confiance dans le fait que ce rêve n’était pas seulement un rêve mais quelque chose à réaliser.

Quand j’étais jeune Enseignant du Dharma au Monastère de Quang Ấn, j’ai traduit ce chant en termes très simples. En voici le passage : “L’énergie de ma compassion ne sera pas inférieure à celle d’Avalokita, et mon océan de vœux sera aussi vaste que celui de Samantabhadra” : “La pluie de la bonté aimante imprègne les mondes des dieux et des hommes, l’aspiration à aider tous les êtres est le vaste océan d’action. “Quiconque me voit ou entend mon nom fera naître l’esprit d’amour et surmontera immédiatement toute souffrance” a été traduit par ” Le simple fait de voir cette image ou d’entendre ce nom suffit pour que tous les êtres soient libérés de toute servitude et toute douleur”. Malgré de nombreuses années passées en Occident, je n’ai pas eu l’occasion de rechanter cette traduction, si bien que toutes les sections, à quelques exceptions près, ont disparu de ma mémoire jusqu’à ce que Vénérable Như Huệ, Abbé du Temple Pháp Hoa en Australie, vienne au Village des Pruniers durant l’été 1994, en qualité de témoin de la Cérémonie de la Pleine Ordination de Hương Tích. Il l’a récitée pour moi et j’en ai copié l’intégralité du texte. Le Vénérable Như Huệ l’avait mémorisé lorsqu’il était encore jeune moine étudiant à l’Institut bouddhiste Nam Việt, il y a une cinquantaine d’années. Grâce à cette rencontre, nous avons pu rétablir la traduction du chant dans notre livre “Vietnamese Daily Chanting” (Chants vietnamiens de pratique quotidienne), et nous l’avons maintenant traduit en anglais et dans d’autres langues. Je pense que nous devons le chanter au moins une fois par semaine, afin que notre bodhicitta puisse être nourrie en permanence. La bodhicitta est le vœu, l’aspiration, le rêve des pratiquants authentiques. Si notre bodhicitta est érodée, nous n’aurons pas assez d’énergie pour aller de l’avant et réaliser notre rêve.

Ce soir, pendant la méditation assise, contemplons afin de voir que notre rêve se réalise lentement.

“Puissions-nous renaître en tant qu’humains dans notre prochaine vie, rencontrer le Dharma très tôt et mener une vie de pratiquant authentique, grâce à la guidance d’un maître sage”.. Ce rêve s’est réalisé.

Mes six sens, le corps, la parole et l’esprit sont en harmonie, libres du cercle du Samsara ; je pratique de tout cœur la pleine conscience avec mon corps et j’avance sur le chemin. En pratiquant la chasteté, je suis éloigné du monde de la souffrance”. C’est notre pratique quotidienne des préceptes et des manières raffinées.

Des centres de pratique sont établis en tous lieux ; le filet du doute est totalement balayé au plus profond, intérieur et extérieur. C’est ce à quoi nous nous employons avec beaucoup de diligence. Aujourd’hui, nos sanghas sont présentes partout dans le monde. Il existe des centaines de groupes dans de nombreux pays qui, ensemble, pratiquent une vie consciente. Les grandes villes comme New York, Paris, Londres, Amsterdam, Los Angeles et Berlin comptent de nombreux sanghas. Des retraites sont organisées partout. Les travaux sur le Bouddhisme engagé sont devenus un filet de Dharma, dissipant les malentendus, les perceptions erronées et les doutes sur le Bouddhisme, révélant que le Bouddhisme est un humanisme scientifique, et non une religion théocratique, ni superstitieuse ni pessimiste. C’est le sens du passage “Le filet du doute est totalement balayé du dedans et du dehors”.

“Transmettre la lampe du Dharma pour continuer le flux perpétuel”.

Nous avons formé de nombreux enseignants et aspirants enseignants du Dharma, tant monastiques que laïcs. Actuellement, plus de 300 personnes ont reçu la Lampe.

“Nous aspirons à apporter une aide médicale aux malades, de la nourriture aux affamés. Avec joie et bonheur, nous apportons beaucoup de bienfaits à ceux qui souffrent dans le monde”. C’est le service social, une part essentielle du Bouddhisme appliqué, le Bouddhisme engagé. Nous avons fondé l’École de la Jeunesse et du Service Social où nous avons formé plus de 600 travailleurs sociaux et des milliers d’assistants et bénévoles. Des villages pilotes (Hoa Tiêu et Tự Nguyện) ont été créés afin d’améliorer la qualité de vie, en se concentrant sur les quatre domaines que sont l’éducation, les soins de santé, l’économie et l’organisation. Nos travailleurs sociaux ont aidé de tout cœur les victimes de la guerre et se sont occupés des personnes dans les camps de réfugiés, dont certains comptaient jusqu’à 11 000 personnes. Ils ont restauré des villages ravagés par la guerre et en ont construit de nouveaux. Notre Association de restauration et de développement social a travaillé avec l’Église bouddhiste unifiée du Vietnam (1972-1975). Nous avions un programme de soutien auprès de plus de 10.000 orphelins de guerre. Avec notre programme ‘Boat People’, nous avons sauvé des gens à la dérive en mer. Nous avons créé l’organisation “Pour les Enfants du Vietnam”, puis “Partage avec les Enfants du Monde”, afin de venir en aide aux enfants de 17 pays, dont le Vietnam. Notre programme “Comprendre et aimer” a apporté une aide aux victimes des inondations, en aidant les pauvres par la formation à des métiers techniques, la construction de ponts, le creusement de puits, l’ouverture d’écoles de base pour les enfants vivant dans des zones reculées et la fourniture de repas à leur intention, le paiement des salaires de milliers d’enseignants et de personnels de garderie et puériculture*.

Ce qui est merveilleux, c’est que pendant que ces travailleurs sociaux font leur travail, ils pratiquent les entraînements à la pleine conscience, la méditation assise, la méditation marchée, construisent la fraternité et la sororité et apprennent à couler comme une seule rivière….

Je ne refuserai aucun travail qui soit bénéfique pour tous. C’est notre vœu de service.

Nos enseignants du Dharma, dont certains sont encore jeunes, apportent vraiment le Bouddhisme dans le monde, un Bouddhisme engagé. Nous avons organisé des retraites spéciales pour des personnes de toutes professions et de tous horizons : travailleurs sociaux, artistes, acteurs et réalisateurs de films, éducateurs, hommes d’affaires, médecins et infirmières, membres du congrès et sénateurs, policiers, militants pour la paix, écologistes, etc. Certaines retraites ont accueilli jusqu’à 2000 participants, comme celle de Washington DC destinée aux psychologues et psychothérapeutes.Nous avons introduit cette pratique dans les prisons et les hôpitaux pour aider les gens à guérir et à se transformer.

Au départ d’un Bouddhisme engagé, nous avons évolué vers un Bouddhisme appliqué, avec notamment le mouvement “Wake Up” pour les jeunes du monde entier – des communautés de pratique pour une société saine et compatissante. Nous avons fondé l’Institut Européen du Bouddhisme Appliqué, offrant des retraites aux parents en difficulté avec leurs enfants, aux jeunes en rupture de communication avec leurs parents, à ceux à qui l’on vient de diagnostiquer une maladie en phase terminale ou encore aux personnes qui viennent de perdre un être cher. Tout le monde peut venir et pratiquer sans avoir à devenir bouddhiste. Le Bouddhisme que nous offrons au monde n’est pas une religion, mais un art de vivre, avec des méthodes de transformation et de guérison…

Nous faisons de notre mieux pour préserver l’environnement, à la fois par notre propre pratique et en inspirant d’autres à vivre de telle sorte que la Terre ait un avenir, et que le processus de réchauffement climatique puisse être inversé. Notre Monastère de Deer Park, aux Etats-Unis, fonctionne désormais exclusivement à l’énergie solaire. Tous nos centres de pratique et sanghas pratiquent la consommation consciente, et nous organisons chaque semaine une journée sans voiture… Toutes ces initiatives prouvent que nous nous engageons avec détermination dans la réalisation de notre rêve, que nous ne nous contentons pas de rester assis et de laisser le chant nous emporter vers un monde utopique.

Ces dernières années, le Bouddhisme, avec sa pratique de la pleine conscience, a progressivement été intégré dans les domaines du droit, des sciences, des études médicales et sociales. L’esprit bouddhiste de tolérance, de non-dualité et de non-attachement aux vues commence désormais à être reconnu par le monde. Dans le contexte de la mondialisation, le Bouddhisme peut largement contributer à une éthique universelle. Nous savons que ce rêve peut devenir réalité, et il est en train de se réaliser. Si nous ne nous laissons pas emprisonner par le prestige, la gloire, l’argent, les honneurs, etc. ; si nous savons comment faire de la sangha une rivière, et non une goutte d’eau séparée, alors nous aurons plus de chances de réaliser ce rêve. N’est-ce pas, chère Communauté ? Je me réjouis de connaître vos réactions après la lecture de cette lettre.

Votre maître,

Nhất Hạnh

Depuis 1961, l’Association des étudiants bouddhistes de Saigon et d’autres étudiants bouddhistes comme Huê Dương, Chiểu, Khanh, Chi, Nhiên et Phượng offrent ces services dans les quartiers pauvres (notamment Mã Lạng Quốc Thanh et Cầu Bông Bàn Cờ) et proposent des cours du soir gratuits dans le secondaire. En 1964-65, nous avons commencé à construire des “villages de l’amour” avec votre frère aîné Nhất Trí, les frères Tâm Quang, Tâm Thái, ainsi qu’une centaine d’étudiants bouddhistes, parmi lesquels Phượng, Thảo, Thanh, Uyên, Tuyết, Quyền, Trâm, Nguyên, Tích, Thanh et Tài. Nous avons organisé des groupes d’étudiants afin de collecter des fonds au bénéfice des victimes des inondations et de la famine qui, à la suite du typhon de 1964, vivent le long de la rivière Thu Bồn.

Nous avons créé l’École de la Jeunesse et du Service Social (1965-1975) et l’Association de Restauration et de Développement Social (1971-1975, sous la direction du Vénérable Thiện Hòa). Les frères Thanh Văn, Châu Toàn, Từ Mẫn, et Phạm Phước ont compté parmi les nombreux bodhisattvas oeuvrant à la coordination de milliers de travailleurs sociaux, d’assistants et bénévoles qui ont réalisé de nombreux projets pour venir en aide à des dizaines de milliers de victimes de guerre. Dix-sept d’entre eux sont morts au cours de leurs missions, dont Liên, Vui, Thơ, Tuấn, Hy, Lành, et votre frère aîné Nhất Trí. Bùi Thị Hương a dû se faire amputer la jambe, et Lê Văn Vinh devra passer le reste de sa vie en fauteuil roulant. Nhất Chi Mai, sœur aînée des six premiers membres de notre Ordre de l’Inter-Etre, s’est immolée le 16 juillet 1967 pour appeler à la paix les parties belligérantes.

En 1976, dans le cadre de notre programme Boat People en mer de Chine méridionale, Phượng (Soeur Chân Không), Luke Fogarty, Trang Fogarty, Kirsten Roep et Mobi Warren ont ainsi pu sauver 606 personnes. Entre 1976 et 1978, Phượng a mené une mission clandestine de sauvetage des boat people dans la baie de Thaïlande, au moyen de notre bateau de pêche. Puis nous avons mis en place un autre programme pour venir en aide aux boat people, en offrant un soutien spirituel et matériel, des manuels scolaires en anglais et en français et des livres de chants à destination des camps de réfugiés de Songklha, Trad, Sikkhiu, Chonburi…
Depuis 1975, notre programme d’assistance sociale Understanding and Love(Compréhension et Amour) nous permet d’aider en silence les enfants affamés et les personnes âgées vivant dans la précarité. En Occident, ce programme a été soutenu sans réserve par Kirsten Roep et Hebe Kohbrugge aux Pays-Bas, ainsi que par les associations de France ‘Pour les Enfants du Vietnam’, ‘Partage avec les Enfants du Monde’ et ‘Partage’ (avec Pierre Marchand). Ces deux derniers programmes nous ont permis d’aider des enfants affamés dans dix-sept pays sous-développés, notamment au Bangladesh, en Inde, au Liban, au Brésil et en Colombie. Le Fonds Maitreya en Allemagne est né à l’initiative de Chân Pháp Nhãn (Karl Schmied) et de Chân Diệu Từ, et est maintenant poursuivi par Chân Giác Lưu (Christian Kảufl). La Sangha suisse (avec Margrit Witwer), et la Sangha italienne ont pleinement soutenu notre programme de Compréhension et d’Amour. La Sangha “Bateau de la Compassion” dirigée par Chân Ý et Chân Trí (Anh Hưng et Thư Nguyên) a soutenu plus de 600 enfants affamés a Quảng Trị et Thừa Thiên. La Sangha “Fleurs de neige” a fait don de douzaines de puits à de grandes familles vivant dans des régions reculées dépourvues d’électricité et d’eau courante. Grâce à leur programme “Compassionate Eye” (Oeil de compassion), Minh et Liên coopèrent chaque année avec la Sangha de Toronto au soutien de nombreuses victimes d’inondations. Aux États-Unis, la Fondation Hussman a soutenu 75 enseignants et éducateurs, et plus de 700 enfants sous-alimentés dans les provinces Bảo Lâm et Di Linh. Elle a également fait don de fonds pour construire la salle de méditation du Monastère de Prajna. Lilian Cheung a contribué à la construction des nonneries Diệu Nghiêm et Diệu Trạm.

Dans les années 1975-1990, alors que les services sociaux rencontraient encore de nombreux obstacles, la Vénérable Nonne Tịnh Nguyện et Thuần nous a permis de faire passer clandestinement des cadeaux destinés aux personnes souffrant dans les camps de rééducation les plus difficiles tels que Hàm Tân, Hà Nam Ninh, et Vĩnh Phú. Nous avons également contacté des écrivains et des poètes qui avaient perdu le goût d’écrire, en leur exprimant notre appréciation, notre confiance et notre attention, afin qu’ils soient inspirés pour reprendre leur travail créatif. Grâce au courage et au dévouement de la Vénérable Nonne Trí Hải et de ses disciples, leur voiture chargée de médicaments, de riz et de vêtements, et offrant spontanément des “mini enseignements du Dharma”, nous avons également fait parvenir des cadeaux aux villages pauvres nouvellement construits.

Avant 1975, les Vénérables Sœurs Cát Tường, Thể Quán, Thể Thanh, Như Huyền et Viên Minh, et les Vénérables Moines Chánh Trực, Như Vạn, Long Trí étaient tous des bodhisattva étendant leurs bras aux quatre coins du monde pour aider les gens. Aujourd’hui, ce travail d’amour est poursuivi à Huế par le Vénérable Hải Ấn ainsi que les Soeurs Như Minh, Diệu Đạt, Minh Tánh. Il est également assure à Hanôi par la Vénérable Đàm Nguyện ainsi que par Hạnh Toàn dans la région de Quảng Ngãi et Giới Minh. Oeuvrent également Frère Pháp Lộ, Soeur Y Nghiêm, Chân Tướng Hòa, Việt, Tân, Dũng, Mai, Xuân, Tuyết, Thân, Chân Đoan… Pendant les années d’après-guerre, grâce à Chân Thể Hòa et Thuần, nous avons fait parvenir de l’argent et du riz aux pauvres vivant dans des régions éloignées. Les mains de Chân Dụng Hòa, Chân Hỷ Căn, A, et Viễn, nous ont permis de soigner des personnes âgées handicapées et solitaires, d’offrir le don de la vue aux personnes atteintes de cataracte et de récolter des fonds pour couvrir les salaires de centaines d’enseignants. C’est ainsi que nous avons aussi pu ouvrir des jardins d’enfants et des écoles dans des régions reculées et fournir non seulement un enseignement mais aussi des déjeuners et du lait de soja aux enfants dénutris.

Les bras de la Sangha sont en effet très longs et s’étendent très loin – non seulement au Vietnam, mais dans le monde entier, au Bangladesh, en Inde, en Israël, en Palestine…

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What is Mindfulness

Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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