Chansons , Méditation , Poésie de Thay / “L’histoire d’une rivière” Méditation musicale

Comment pouvons-nous nous voir comme nous-mêmes mais pas comme les autres ?

Entrez en contact avec les mots de Thich Nhat Hand et laissez-vous guider par la poésie et la musique.

La pleine lune du Bouddha voyage dans le ciel de la vacuité. Si les rivières des êtres vivants sont calmes, la lune rafraichissante reflétera sa beauté dans leurs eaux. 

Cette méditation musicale a été présentée pour la première fois lors de la retraite en ligne “Le chemin c’est d’aimer” du 7 au 9 août 2020.

L’histoire d’une rivière par Thich Nhat Hanh

Née au sommet d’une montagne la petite source jaillit en dansant.

En voyageant le ruisseau chante, elle veut aller vite, elle est incapable d’aller lentement. Courir, se presser, c’est le seul moyen, peut-être même voler. Elle veut arriver, arriver où ? Arriver à l’océan. Elle a entendu parler de l’océan bleu, profond, magnifique, ne faire qu’un avec l’océan voilà ce qu’elle veut. 

En descendant dans les plaines elle devient une jeune rivière. En serpentant parmi les belles prairies elle doit ralentir. « Pourquoi ne puis-je courir comme je le faisais quand j’étais ruisseau ? Je veux rejoindre l’océan bleu et profond. Si je continue aussi lentement vais-je seulement y arriver ? »

Comme ruisseau elle n’était pas satisfaite, elle voulait grandir pour devenir rivière. Mais comme rivière elle n’est pas plus heureuse, elle ne supporte pas de ralentir. 

Puis alors qu’elle ralentit, la jeune rivière commence à remarquer les nuages magnifiques qui se reflètent dans ses eaux. Ils sont de diverses formes et couleurs flottants dans le ciel et paraissent être libres, d’aller où bon leur semble. Désirant être nuage elle se met à les poursuivre les uns après les autres.  

“Je ne suis pas heureuse comme rivière, si je ne deviens pas comme vous jamais je ne pourrais le supporter. La vie ne vaudra pas la peine d’être vécue.” La rivière entame alors un drôle de jeu, courant après les nuages, elle apprend à rire et à pleurer mais les nuages ne restent pas longtemps en place. “Ils se mirent dans mes eaux puis s’en vont, aucun nuage ne semble être fidèle, chacun de ceux que j’ai connu m’a quitté, aucun ne m’a jamais donné satisfaction ou bonheur, je hais leur trahison.” 

Le plaisir de courir après les nuages ne méritent pas que l’on se désespère, que l’on souffre.

Un après-midi un vent violent chassa tous les nuages, le ciel devint désespérément vide. Il n’y avait plus aucun nuage à pourchasser, la vie était vide pour la rivière, elle se sentait tellement seule qu’elle ne voulait plus vivre. Mais comment une rivière peut-elle mourir ? Comment quelque chose devient-il rien ? Comment de quelqu’un devient-on personne ? Est-ce même possible ? 

Pendant la nuit la rivière revint en elle-même, elle ne pouvait dormir. Elle écoutait ses propres pleurs, le clapotis de l’eau contre la rive. C’était la première fois qu’elle écoutait vraiment la profondeur de sa propre nature. Ainsi elle fit une découverte très importante. Ses eaux étaient faites de nuages. Elle avait poursuivi les nuages sans savoir que les nuages étaient sa propre nature. 

La rivière réalisa que l’objet de sa quête était en elle. Elle toucha la paix. Enfin elle pouvait s’arrêter. Elle ne ressentait plus le besoin de courir après quelque chose d’extérieur à elle-même, elle était déjà ce qu’elle voulait venir. La paix qu’elle toucha alors, lui apporta un profond réconfort, un profond repos. 

Quand la rivière se réveilla le lendemain matin, elle découvrit quelque chose de neuf et de merveilleux qui se reflétait dans ses eaux, le ciel bleu. « Quel profondeur, quel calme, le ciel est immense, stable, accueillant et totalement libre » . Cela semblait impossible de croire que c’était la première fois que la rivière reflétait le ciel dans ses eaux. C’était pourtant la vérité parce que dans le passé elle ne s’était intéressée qu’aux nuages et n’avait jamais prêté attention au ciel. Aucun nuage ne pouvait quitter le ciel. Elle savait que les nuages étaient là, cachés quelque part dans le ciel bleu. Le ciel doit contenir tous les nuages et toutes les eaux. Les nuages semblent être impermanents mais le ciel est toujours présent, maison fidèle de tous les nuages. 

En touchant le ciel, la rivière touchait la stabilité. Elle touchait l’ultime. Dans le passé elle n’avait touché que ce qui vient et part, l’être et le non être des nuages. Maintenant elle était capable de toucher la maison de tout ce qui vient, part, de l’être et du non-être Personne ne pouvait plus retirer le ciel de ses eaux. 

Comme c’était merveilleux de pouvoir s’arrêter et toucher l’ultime ! S’arrêter et toucher lui apportaient une stabilité et une paix véritable. Elle était enfin arrivée chez elle. 

Cette après-midi là le vent cessa de souffler. L’un après l’autre les nuages revenaient. La rivière était sage désormais, elle pouvait accueillir d’un sourire chaque nuage. Les nuages de diverses formes et couleurs semblaient être les mêmes qu’auparavant mais une fois encore ils ne semblaient plus être les mêmes pour la rivière. Elle ne ressentait pas le besoin de les pourchasser ou d’en posséder un en particulier. Elle souriait à chaque nuage avec équanimité et bonté . Elle appréciait leur reflet dans ses eaux et quand ils s’éloignèrent la rivière ne se sentit pas délaissée. 

Elle leur fit signe « au revoir et bon voyage ». Elle n’était plus attachée à aucun des nuages. 

La journée fut gaie. Cette nuit alors que tranquillement la rivière ouvrait son cœur au ciel elle reçu l’image la plus merveilleuse qui ne s’était reflétée dans ses eaux. Une pleine lune magnifique, une lune brillante, rafraichissante, souriante.

La pleine lune du Bouddha voyage dans le ciel de la vacuité. Si les rivières des êtres vivants sont calmes, la lune rafraichissante reflétera sa beauté dans leurs eaux. 

C’est comme si l’espace tout entier était là pour le ravissement de la lune et elle semblait parfaitement libre. La rivière reflétait la lune dans ses eaux et savourait la même liberté, le même bonheur. 

Quelle merveilleuse nuit de fête pour chacun, le ciel, les nuages, la lune et l’eau. 

Dans l’espace sans limite le ciel, les nuages, la lune et l’eau appréciaient de marcher ensemble en méditation. Ils marchaient sans avoir besoin d’arriver quelque part même pas à l’océan. Ils pouvaient simplement être heureux dans le moment présent. La rivière n’avait pas besoin d’arriver à l’océan pour être devenir eau. Elle savait qu’elle était eau par nature et tout à la fois nuages, lune, ciel, étoiles et neige. Pourquoi se fuirait-elle ? 

Qui connait une rivière qui ne coule pas ? une rivière coule bien sûr mais elle n’a pas besoin de se presser. 


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What is Mindfulness

Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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