Thich Nhat Hanh enseigne 4 exercices que vous pouvez écouter en anglais et/ou lire en français.
La méditation assise est quelque chose qui peut être très agréable. Nous devrions donc apprendre à apprécier notre assise. Le plaisir de s’asseoir; nous devons découvrir ce qu’est le plaisir de s’asseoir. Chaque fois que nous nous sentons agités, que nous ne sommes pas calmes et ne savons pas quoi faire, nous devons nous asseoir. Et si nous savons comment nous asseoir, il suffira de quelques minutes pour nous sentir mieux; c’est toujours ainsi. Nous devrions apprendre comment nous asseoir et apprécier l’assise.
S’asseoir, c’est sentir que nous sommes en vie. Nous n’avons rien à faire, nous apprécions simplement le fait d’être assis. Le jour où Nelson Mandela est venu en France, il a rencontré le Président Mitterand et les journalistes lui ont demandé ce qu’il aimerait faire par dessus tout. Il a répondu: “m’asseoir et ne rien faire”. Il a expliqué que, depuis sa libération de prison, il était aussi occupé qu’un Président et qu’il n’avait jamais le temps de s’asseoir et d’apprécier son assise.
Donc, si nous avons le temps de nous asseoir et de ne rien faire, nous devrions savoir comment nous asseoir et ne rien faire car l’assise est un plaisir et elle peut être très nourrissante et guérissante. Donc, avec ou sans coussin, ou à l’aide d’une chaise, nous devrions apprendre à savourer notre assise; peut-être 10 minutes, 20 minutes, 45 minutes, etc.
Chaque fois que nous sentons de la souffrance en nous, de l’agitation, ou que nous ne savons pas vraiment quoi faire, l’assise est la meilleure chose à faire. Vous vous asseyez et, directement vous suivez l’inspiration et l’expiration ; vous respirez de façon à avoir de la joie, vous inspirez de façon à avoir du plaisir, vous expirez de façon à avoir de la joie. Vous inspirez de façon à être conscient que votre corps est là, vous expirez de façon à pouvoir relâcher les tensions dans le corps.
Et si vous êtes en contact avec le corps, vous pouvez entrer en contact avec les merveilles de la vie, autour de vous. c’est un exercice que nous a offert le Boudda. “En inspirant, je suis conscient de mon corps”; cela connecte mes deux corps.
Parfois, nous travaillons sur ordinateur, ou nous sommes complètement perdu dans notre travail, et nous oublions que nous avons un corps. Les monastiques au Village des Pruniers, ainsi que les pratiquants laïcs aiment programmer une cloche de pleine conscience sur leur ordinateur. Chaque quart d’heure, la cloche est invitée par l’ordinateur et chaque pratiquant a l’occasion de pouvoir s’arrêter, de revenir au corps et savourer la chance d’avoir un corps. Inspirer et expirer trois fois suffit pour relâcher les tensions du corps, sourire, avant de reprendre le travail. Vous pouvez faire la même chose. Vous pouvez télécharger la cloche de pleine conscience au départ du site du Village des Pruniers. Quand vous n’êtes pas agité, que tout va bien, l’assise vous apporte beaucoup de plaisir. L’assise est très nourrissante et guérissante. Donc on devrait apprécier s’asseoir. Juste apprécier s’asseoir là et permettre au corps de se détendre. Savourer l’inspiration et l’expiration. Durant ce temps, il n’y a aucune pensée, pas la moindre pensée, paarce que nous apprécions inspirer et expirer. Nous aimons relâcher les tensions, nous apprécions le corps. C’est pour cela qu’il n’y a pas besoin de penser. Si notre esprit est centré sur l’inspiration et l’expiration, nous pouvons laisser aller le passé et le futur, nos projets, et nous sommes libres. “J’inspire et je suis conscient de mon inspiration”. Mon inspiration devient l’objet, le seul objet de mon esprit. Et quand mon inspiration est le seul objet de mon esprit, je lâche prise sur tout, je deviens une personne libre. La liberté est possible avec une inspiration ; elle peut s’obtenir en 2 ou 3 secondes. Je laisse aller toute tristesse et tout regret au sujet du passé. Je laisse aller toutes les incertitudes et les peurs concernant l’avenir. Je savoure l’inspiration et je suis une personne libre. Est-il possible de mesurer le degré de liberté de quelqu’un qui respire en pleine conscience? Sans cette liberté, le bonheur n’est pas vraiment possible. La pratique de la pleine conscience, c’est donc obtenir la liberté ; se libérer du passé et du futur, des projets, des soucis et savourer le fait d’être en vie. En inspirant en pleine conscience, je ramène toujours mon esprit à la maison, vers le corps, et quand corps et esprit sont réunis, je suis ici, dans l’ici et maintenant. Je suis pleinement vivant.
Le premier exercice de respiration consciente que propose le Bouddha est: “En inspirant, je sais que c’est une inspiration”. Vous reconnaissez votre inspiration comme une inspiration. Quand vous inspirez, vous savez que vous êtes en train d’inspirer et vous pouvez savourer le fait d’inspirer. Un bon pratiquant apprécie toujours son inspiration. Il n’a pas à souffrir d’inspirer. Il savoure aussi son expiration et peut sourire en expirant. La joie et le bonheur sont donc possibles avec notre inspiration et notre expiration. C’est un exercice vraiment très facile mais il apporte de grands effets parce qu’il nous rend libres. Nous touchons le miracle d’être vivants. Une personne décédée ne peut plus inspirer ni expirer. Donc inspirer et expirer en pleine conscience nous aide à être libres et à toucher le plus merveilleux des miracles: le miracle d’être en vie, d’être encore en vie. Et nous n’avons pas besoin de faire le moindre effort; nous respirons simplement en pleine conscience et naturellement et nous savourons. Inspirer et expirer peut être nourrissant, guérissant et nous rendre libres.
Le deuxième exercice de respiration consciente proposé par le Bouddha consiste à suivre l’inspiration sur toute sa longueur. Imaginons que votre inspiration dure 4 secondes; durant l’inspiration, votre esprit est complètement concentré sur l’inspiration. Il n’y a pas d’interruption. Et vous appréciez encore davantage votre inspiration; la concentration est plus profonde durant toute votre inspiration. Le premier exercice consiste donc à être avec l’inspiration et l’expiration; nous sommes avec l’inspiration, rien d’autre, elle est le seul objet de notre espirt. Il y a pleine conscience et il y a concentration, générées par l’art de respirer. Et cela suffit à nous rendre libres du passé, du futur, de nos tracas. Et cela nous permet de savourer le miracle d’être en vie.
Le deuxième exercice consiste à suivre l’inspiration et l’expiration sur tout leur trajet. Vous savourez davantage quand votre pleine conscience et votre concentration sont plus profondes; la pleine conscience et la concentration sont une source de bonheur. Et en inspirant et expirant en pleine conscience, en suivant l’inspiration et l’expiration sans interruption, nous générons l’énergie de pleine conscience et de concentration.
Le troisème exercice de respiration consciente consiste à être avec notre corps. “En inspirant, je prends conscience de mon corps”. Vous ramenez votre esprit au corps et vous vous souvenez de son existence. Votre corps est une merveille, il contient tout le Cosmos. Votre corps contient la Terre Mère en lui, le Père Soleil, les étoiles. Et si vous pouvez entrer en réel contact avec votre corps, vous touchez le Cosmos tout entier. Tout le Cosmos s’est rassemblé afin de permettre à votre corps de se manifester comme une merveille. C’est pour cela que toucher notre corps c’est toucher la vie et le Cosmos tout entier. Et cela peut être très agréable.
Quand nous pratiquons le quatrième exercice de respiration consciente, nous aidons le corps à relâcher les tensions. “En inspirant, je permets à mon corps de relâcher les tensions”. Calmer le corps.
Ce sont donc les quatre premiers exercices de respiration consciente. Vous devriez essayer de les maîtriser car ils peuvent apporter énormément de bonheur. Nous pouvons pratiquer ces quatre exercices en position assise, couchée, en conduisant, en cuisinant, en prenant une douche. Ils peuvent apporter bonheur et paix. Imaginons que nous sommes assis dans le bus qui nous mène du Hameau Nouveau au Hameau du Bas. Nous avons trente minutes et nous pouvons savourer l’inspiration et l’expiration et rentrer en contact avec notre corps, et avec le paysage dehors. Durant ce temps, nous savourons simplement. Nous nous donnons l’occasion d’être en contact avec les sensations. Nous pouvons arrêter nos pensées. C’est vraiment important d’apprendre à arrêter les pensées. Quand vous pensez, vous pouvez vous perdre dans vos pensées. Parfois nos pensées sont productives; mais la plupart du temps elles ne le sont pas, elles nous égarent. Vous vous perdez dans vos pensées. “Je pense, donc je ne suis pas là”. “Je respire, donc je suis là”.
Ce que vous faites durant l’assise, c’est donc savourer l’assise. Et si vous savez comment pratiquer ces quatre exercices, l’assise devient très agréable. Chaque minute de l’assise peut être nourrissante et guérissante. Aujourd’hui, dans notre vie moderne, c’est un luxe de pouvoir s’asseoir ! Mais en tant que pratiquant, nous pouvons savourer le fait de nous asseoir chaque matin et soir. Même dans le bus, nous pouvons apprécier l’assise et la respiration.
Quand nous maîtrisons les quatre exercices de respiration en pleine conscience, nous savourons davantage notre pratique de l’assise. S’asseoir, c’est se sentir en vie, savourer le fait d’être vivants. Si nous nous asseyons ainsi, nous pouvons relâcher toutes les tensions; nous pouvons sentir la joie d’être en vie et rentrer en contact avec notre corps. Nous pouvons alors entrer en contact avec toutes les merveilles de la vie autour de nous.