Témoignage / Joyeuse continuation à Soeur Chan Khong

Aujourd’hui, nous célébrons la continuation de notre bien-aimée sœur Chan Khong en partageant une lettre d’amour de la sœur Chan Duc et trois pratiques chères à son cœur. Nous vous invitons à en choisir une qui vous touche et à perpétuer son esprit de guérison, de transformation et de service dans votre vie et dans le monde.

Sr. Chan Duc and Sr. Chan Khong in Vermont at Green Mountain Dharma Center c.1999

Une lettre d’amour de la sœur Chan Duc

Chère sœur Chân Không,

Je vous suis reconnaissante pour tant de choses que je ne sais pas par où commencer, mais je vais commencer par le début chronologique. Je vous ai rencontrée pour la première fois en 1986. Deux ans plus tôt, un ami et moi vous avions écrit pour vous demander de venir au Village des Pruniers. Nous avions pensé descendre de Dieppe à vélo, après avoir traversé la Manche en ferry. Vous nous avez cependant dit que le Village des Pruniers était malheureusement complet pour cette retraite d’été.

En 1986, j’ai eu la chance qu’on me demande d’aider à organiser une retraite et des conférences publiques que Thay devait diriger en Angleterre. Thay et vous avez accepté de venir. Je n’avais aucune idée des besoins de Thay et de vous-même et j’ai réservé un lieu de retraite dans un château plein de courants d’air dans le nord de l’Angleterre. Il a même neigé pendant la retraite et le château était impossible à chauffer. La première fois que je vous ai vue, c’était à l’aéroport et je me suis sentie proche de vous avant même d’avoir passé du temps avec vous. Thay et vous avez été très gentils avec moi, ne vous plaignant pas malgré mes nombreuses lacunes en tant qu’organisatrice de retraite.

Alors que nous roulions vers le nord depuis Londres pour nous rendre à la retraite, vous avez chanté des chansons. Je me souviens que c’était la première fois que je vous entendais chanter « Ma conscience, le soleil éclatant » et que vous m’avez appris à chanter avec vous. Vous m’avez également expliqué quelques mots de vietnamien. J’ai appris de vous que le vietnamien n’a pas de mots pour « je » et « tu ». Vous étiez « chị, sœur aînée » et j’étais « em, sœur cadette ». C’est l’une des choses les plus difficiles à comprendre pour un cerveau habitué au « tu » et au « je » : le fait que le « je » et le « tu » doivent changer en fonction de la personne à qui je m’adresse.

Grâce à cette rencontre avec Thay et vous, j’ai pu me rendre au Village des Pruniers pour la retraite d’été 1986 et j’ai passé les deux dernières semaines de cette retraite au Hameau du Bas, sous votre responsabilité. Vous avez dirigé la pratique des retraitants vietnamiens dans le Hameau du Bas. L’atmosphère était celle d’une grande famille. Vers la fin de mon séjour, vous m’avez dit que Thay pourrait me demander si je voulais rester en tant que résidente du Village des Pruniers. Je crois que le fait que j’aie pu rester en tant que résidente était en partie grâce à vous. Ce fut une surprise assez incroyable pour moi. Quand j’ai dit à Thay que j’étais plus qu’heureuse de rester, vous m’avez dit que je serais une sœur aînée (chị) pour un certain nombre d’hommes réfugiés séjournant alors au Hameau du Bas. Vous m’avez confié une tâche que je n’ai pas bien accomplie et vous avez été absente pendant deux ou trois mois dans les camps de réfugiés d’Asie du Sud-Est où étaient détenus les boat people vietnamiens. Cela m’a permis d’apprendre le vietnamien, car personne ne parlait anglais ou français. Après votre retour, vous m’apportiez souvent à manger : du fromage français, du muesli, du yaourt. Vous m’avez appris à faire du yaourt.

En 1987, j’ai passé ma première retraite d’été en tant que résidente, plutôt que retraitante, sous votre direction. Vous vous êtes occupée de tout, de l’organisation du programme à la cuisine. J’ai suivi et appris à préparer un certain nombre de soupes, dont le canh bầu, le canh rau muống (soupes de légumes vietnamiennes) et la soupe de pommes de terre pour une centaine de personnes ou plus. J’ai également réussi à faire un gâteau au citron pour la méditation du thé, ce qui vous a valu des éloges. 1988 a été une année spéciale, l’année de notre ordination en tant que bhikshunis. Je vous dois en grande partie le fait que Thay ait accepté de m’ordonner à vos côtés. Je pense que Thay n’était pas si sûr que je réussirais à devenir nonne toute ma vie, et le fait que vous ayez soutenu mon ordination a été très important.

Vous êtes d’une nature généreuse et inclusive. Vous m’avez même laissé une partie des robes qui avaient été faites pour vous, car avant notre arrivée en Inde, je ne savais rien de l’ordination proposée et je n’avais rien préparé. Dès lors, vous avez été ma sœur aînée monastique et je n’étais certainement pas une jeune sœur facile. Bien que j’aie eu un désir profond de devenir religieuse, j’avais de nombreuses énergies d’habitude qui ne correspondaient pas à la vie de religieuse, la jalousie étant l’une d’entre elles. J’avais besoin qu’on me le rappelle souvent et, grâce à vous, quelqu’un était là pour le faire. Quand j’étais jeune nonne, vous m’avez encouragée à travailler à la cuisine et au jardin. J’ai eu le privilège d’être autorisée à venir séjourner à l’Hermitage où j’ai toujours été très bien accueillie et où j’ai pu apprendre énormément de la façon dont Thay vivait.

En 1989, Thay m’a permis d’être son attendante lors de la tournée nord-américaine, alors que vous deviez rentrer en Europe. Vous m’avez appris à préparer quelques plats de base que Thay pouvait manger ; mais, heureusement, de nombreux amis vietnamiens ont voulu aider à cuisiner pour Thay. Au fil des ans, vous avez vu mes faiblesses en matière de travail administratif et organisationnel, et vous avez fait de votre mieux pour me décharger de ces tâches lorsque j’étais au Green Mountain Dharma Center. Vous m’avez soutenue sans réserve lorsque j’étais à l’EIAB et vous m’avez toujours permis de revenir au Village des Pruniers et de passer du temps avec vous, où vous écoutiez mes problèmes avec une oreille bienveillante et sage. Vous ne m’avez jamais reproché les difficultés que j’ai traversées et avez accepté mes faiblesses.

« Restez en bonne santé pour moi », m’avez-vous dit récemment. Oui, je ferai de mon mieux. Depuis votre chute en Tchéquie, je n’ai jamais cessé d’admirer votre patience, votre acceptation de votre condition physique, ainsi que la persévérance et l’humour qui vont de pair avec ces qualités. J’apprends tellement de vous sur la façon de lâcher prise et de se reposer dans l’instant présent. Parce que vous avez passé tant d’années en présence de Thay, votre pratique de la pleine conscience est devenue une seconde nature. Thay doit parfois vous manquer après avoir été à ses côtés pendant si longtemps, mais vous rappelez toujours, à vous-même et aux autres, que Thay est là à nos côtés, quelle que soit la difficulté de la situation. Vous êtes votre propre bodhisattva et votre lampe de transmission. Comme dit le gatha :

La vraie personne transcende la forme et l'apparence
La nature du vide a toujours été lumineuse et claire
Se manifestant de manière appropriée sur des centaines de milliers
de chemins dans le monde
Utilisant l'amour et la compassion pour sauver les êtres.

Merci de m’avoir permis d’être et de rester nonne, en tant que votre « sư em ».

– Sr. Chan Duc

Sister Chan Khong leading a session of Touching of the Earth in Lower Hamlet (Photo credit: Rob Walsh)

Pratiques bien-aimées de Sœur Chan Khong

En l’honneur de la Journée de continuation de Sœur Chan Khong, nous vous invitons à explorer et à pratiquer l’un de ces enseignements bien-aimés. Vous pourriez vous sentir inspiré à prendre un moment pour vous détendre profondément, toucher la Terre ou faire un renouveau avec un être cher.

Tous les enseignant·es du dharma apprennent les pratiques de base, le cadre de base. Ensuite, nous sommes encouragés à faire nôtre le dharma, à permettre au dharma de s’exprimer à travers nous. Et Sœur Chan Khong le fait à merveille. Sa belle voix de chanteuse, qu’elle offre dans une relaxation totale, en est un exemple. Elle a également un grand talent d’improvisation. Dans le toucher de la terre ou la relaxation totale, elle capte l’énergie de la pièce ou quelque chose qui s’y passe, et elle y répond. Le toucher de la terre et la relaxation totale de sœur Chan Khong ne sont pas scriptés. Elle donne un discours vivant sur le dharma. C’est ainsi qu’elle exprime sa bienveillance.

Frère Pháp Hải

La relaxation totale

Pendant la relaxation totale, nous invitons chaque cellule de notre corps à se reposer. Guidé·es par des mots doux et l’énergie compatissante de la pleine conscience, nous relâchons les tensions, permettant à la joie et à la sérénité de s’écouler naturellement. Dans cet état de repos profond, notre corps et notre esprit ont la possibilité de guérir et de se régénérer.

Toucher la Terre

Cette pratique profonde nous aide à nous libérer de la séparation et à retourner dans notre véritable foyer, l’immensité de la vie elle-même. En touchant la Terre, nous nous abandonnons à la sagesse de nos ancêtres de sang, spirituel·les et terrestres. Cette pratique nourrit l’humilité, nous aide à harmoniser notre corps-esprit et rétablit notre paix pour le bien de tous et toutes.

Le renouveau

Le renouveau est une pratique de nouveau départ et de guérison dans nos relations – avec nous-mêmes, nos proches et notre communauté. Par une écoute attentive, des paroles aimantes et une réflexion sincère, nous faisons germer les graines de la compréhension et de l’amour, permettant ainsi à la guérison et à de nouvelles possibilités d’émerger.

Resources

Sr. Chan Khong celebrant la continuation de Thay avec quelques nonnes

À cette occasion, nous aimerions vous inviter à écrire un mot à Sœur Chân Không, pour lui faire part de la façon dont sa présence et ses enseignements ont touché et influencé votre vie.


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What is Mindfulness

Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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