Il était une fois des démons régnant sur la terre. L’humanité travaillait jour et nuit pour eux mais n’avait presque rien à manger car les diables s’emparaient de tout, en vertu de la règle “la racine du riz appartient aux paysans, le reste appartient au démon”.
La souffrance du peuple fut alors portée à la connaissance du Bouddha. Ce dernier leur conseilla de cultiver des patates douces pour la prochaine récolte. Conformément aux conseils du Bouddha, les agriculteurs cultivèrent des patates douces et prirent la racine de la pomme de terre ; les démons n’obtinrent rien.
Se sachant dupés, les diables donnèrent un nouvel ordre : “A partir de la prochaine récolte, les racines et les plantes cultivées appartiendront aux démons et le reste aux paysans”.
Lors de la récolte suivante, le Bouddha conseilla aux fermiers de cultiver du maïs et prit tous les épis. Une fois de plus, les démons n’obtinrent rien. Mais le diable était plus malin que les autres et il se décida finalement à reprendre toutes les terres.
Devant le malheur du peuple, le Bouddha réapparut et dit à la population de demander au diable de louer sa terre contre de l’or, en échange d’un petit lot de terre suffisant pour l’ombre d’un seul bambou. La superficie couverte par l’ombre du bambou constituerait alors la terre de l’humanité. Tenté par l’or et croyant que l’humanité n’obtiendrait qu’une toute petite terre, le diable accepta.
Lorsque le bambou fut élevé et ce, grâce à l’influence du Bouddha en tant qu’Éveillé, le bambou devint de plus en plus grand et l’ombre incroyablement plus étendue. Finalement, il n’y avait plus de terre pour le diable et celui-ci fut chassé vers la mer. Depuis lors, les populations sont libres de planter toutes les cultures qu’elles souhaitent.
Telle est la raison pour laquelle, traditionnellement, chaque année, au moment du Têt, les Vietnamiens dressent devant leur maison un arbre en bambou surmonté d’un drapeau, appelé “Neu”, pour rappeler aux démons le droit de l’homme à la propriété de la terre.