L'art zen de / La Porte de la Compassion

Article de Frère Thay Chan Minh Hy

“Oh appelez-moi par mes vrais noms,
afin que je m’éveille
que la porte de mon coeur
s’ouvre enfin à jamais,
la porte de la compassion.”

extrait du poème de Thich Nhat Hanh “Appelez-moi par mes vrais noms”

La porte de la compassion est la porte de nos cœurs. Nous pouvons ouvrir ou fermer cette porte à toute personne. Nous avons le droit d’aimer, d’être en colère ou triste. Quand nous aimons, nous avons davantage d’espace en nous et nettement moins lorsque nous sommes en colère. Être en colère ou triste nous donne aussi un espace unique dans lequel nous pouvons être. Il arrive cependant que cela nous semble étroit, confiné. Parfois, nous voulons fuir bien loin afin d’échapper à cet enfermement. Il nous arrive d’avoir envie d’éclater de rire pour briser ce confinement, vider les profondeurs de nos cœurs.

La chaleur au centre du Vietnam peut être très désagréable si vous n’y êtes pas habitué. Il faut y rester assez longtemps — c’est-à-dire, au sens figuré, il faut s’habituer à la cuisine épicée et salée de la région — pour pouvoir s’habituer à cette chaleur torride. Il peut arriver que la chaleur soit si intense qu’il n’existe aucune échappatoire, quel que soit le lieu où nous sommes assis. Il fait chaud dans la maison. Il fait chaud dans le jardin. Il fait chaud la journée. Il fait même chaud le soir.

La nuit, nous laissons toutes les portes et fenêtres grandes ouvertes dans l’espoir que souffle une brise fraîche pour chasser la chaleur. De temps en temps, une douce brise souffle et nous savourons pleinement cette sensation rafraîchissante. C’est un moment de bonheur.

Frère Chan Minh Hy lors d’un partage de coeur

La porte de la compassion et la porte de la colère ne font qu’une. C’est à nous de décider si elle est ouverte ou fermée.

Si nous voulons apprendre à aimer, nous devons laisser la porte de notre cœur grande ouverte. Même lorsque nos cœurs (c’est-à-dire nos maisons) brûlent d’irritation, laisser la porte ouverte permettra que quelques brises douces puissent apaiser l’inconfort. Ces brises légères peuvent être les éléments sains et beaux en cette personne ; il suffit de laisser naturellement entrer ces choses en nos cœurs. Nous les acceptons et profitons pleinement de leur beauté.

Nous avons tendance à n’accueillir que les brises fraîches au sein de nos maisons. Nous n’aimons pas les brises désagréables ; nous les repoussons donc. Mais où iront-elles ? Nulle part ; elles resteront là. Nous avons l’impression que si nous les haïssons, alors ces choses désagréables quitteront notre maison ; mais, en réalité, elles ne vont absolument nulle part.

Nous pouvons détester une brise sèche, mais nous ne pouvons pas la repousser. Seule une brise rafraîchissante peut chasser cette sécheresse.

Cette nature déplaisante ne provient peut-être pas de cette personne. Il est possible que cela soit dû à divers incidents insatisfaisants qui se sont déroulés sur plusieurs jours et années. Pensez-y. Sur la seule journée d’aujourd’hui, combien de choses sont arrivées que nous considérons insatisfaisantes ? Combien de ces choses proviennent de cette personne et combien résultent d’autres sources ?

Au réveil, il y a déjà quelque chose que nous trouvons insatisfaisant. Et tout au long du jour, jusqu’au coucher le soir, nous ne trouvons jamais satisfaction ; il y aura sans cesse matière à inquiétude et à nous faire tourner et retourner dans notre lit. Qui sait si nous pourrons un jour nous satisfaire de cette chose déplaisante !

Une personne provenant d’une région encore plus sèche, ne sera pas vraiment dérangée par la même brise sèche. Être heureux ou mécontent n’est donc pas la question. Cela dépend de la façon dont on perçoit la situation. Si nous savons comment percevoir les choses avec compassion, alors tout deviendra agréable.

Voici (en anglais) une interprétation musicale du poème de Thây
‘appelez-moi par mes vrais noms’

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What is Mindfulness

Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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