« La vraie nature du vide ne se situe pas dans l’espace. Elle est inconcevable, n’a pas de forme, n’a jamais pris naissance, ne peut être saisie par l’intellect et dépasse toute saisie. »
Ce Texte a été traduit par Thich Nhat Hanh à partir du Soutra du Sceau du Dharma, n°104 de l’édition révisée Taisho du Canon chinois, traduit en chinois par Maître Danapala au début du Xe siècle. Vous pouvez aussi vous référer au Soutra du Noble Sceau du Dharma, n°103 dans l’édition révisée Taisho, traduit du sanskrit par Maître Dharmaraksa à la fin du IIIe siècle, et au Soutra 80 du Samyuktagama (n°99 dans l’édition révisée Taisho).
Ce Soutra est récité régulièrement dans les centres de pratique du Village des Pruniers du monde entier, dans le cadre de nos sessions quotidiennes d’assise et de chant. Il nous enseigne comment pratiquer le Dharma véritable afin de vivre heureux dans le moment présent, libérés de tout complexe et de tout désir.
Vous pouvez retrouver la traduction suivante dans le livre Chants du Coeur, Thich Nhat Hanh (Editions Sully 2009).
Soutra des Trois Portes de la Libération
« Ainsi ai-je entendu le Bouddha enseigner, un jour où il demeurait encore à Vaishali avec toute la communauté de bhikshus.
Ce jour-là, il leur dit : “Savez-vous qu’il existe un merveilleux sceau du Dharma ?
Aujourd’hui, j’aimerais vous en parler et vous l’expliquer. Ecoutez attentivement, et faites usage de votre compréhension pure, afin de le comprendre profondément. Utilisez habilement votre intelligence pour vous en souvenir et le mettre en pratique.”
Les bhikshus répondirent : “Comme cela est merveilleux, Ô Très Honoré ! S’il vous plaît, enseignez-nous, nous sommes tellement désireux d’écouter !”
Le Bouddha enseigna : “On ne peut trouver la vraie nature du vide dans le cadre de l’être ni du non-être, ni dans le cadre des vues erronées. Cette vraie nature est libre de la forme, de la naissance, de la mort et de tout autre concept. Pourquoi en est-il ainsi ? Il en est ainsi parce que la vraie nature du vide ne se situe pas dans l’espace. Elle est inconcevable, n’a pas de forme, n’a jamais pris naissance, ne peut être saisie par l’intellect et dépasse toute saisie. Comme elle est insaisissable, elle enveloppe tous les phénomènes et demeure dans la sagesse d’équanimité et de non-discrimination. Cette sagesse est la vision vraie et juste. Chers bhikshus, sachez que non seulement la vraie nature du vide est ainsi, mais que la vraie nature de tous les phénomènes est pareille. C’est ce que l’on appelle le sceau du Dharma.
“Chers bhikshus, ce sceau du Dharma constitue les trois portes menant à la libération. C’est l’enseignement de base de tous les bouddhas, l’oeil des bouddhas, la destination des bouddhas. De ce fait, écoutez-le attentivement pour le comprendre profondément et vous en souvenir, afin de le contempler au coeur même de la réalité. (C)
“Bhikshus, en tant que pratiquants, vous devriez trouver un endroit tranquille, dans la forêt ou sous un arbre, pour vous asseoir, et méditer sur votre nature en soi. Voyez que toute forme est souffrance, vacuité et impermanence, afin de vous libérer absolument de l’attachement à la forme, de retourner et de demeurer dans la vision de la non-discrimination vis-à-vis de la forme. Il en va de même en ce qui concerne les sensations, les perceptions, les formations mentales et la conscience : méditez sur le fait qu’elles sont souffrance, vacuité et impermanence, pour vous libérer absolument de la vue fausse à propos de celles-ci, et pour atteindre une vision sans discrimination à leur sujet. Chers bhikshus, les agrégats sont vides par nature. ils sont le produits de l’esprit. Une fois que l’esprit cesse de fonctionner, les agrégats cessent également d’opérer. Si vous pouvez voir ceci, cela signifie que vous atteignez la liberté véritable. L’ayant atteinte, vous serez libres de toute vue. Cette contemplation s’appelle la VACUITÉ, la première porte de la libération. (C)
“De plus, en vous établissant dans la concentration pour observer tel ou tel objet, vous verrez que les images de ces objets se dissiperont, et vous vous libérerez du caractère illusoire de la perception de ces images. Les autres objets qui sont le son, l’odeur, le goût, le toucher et les objets de la perception disparaîtront aussi. Ainsi, vous serez libérés du caractère illusoire de toute perception du son, de l’odeur, du goût, des contacts corporels et des pensées. Cette contemplation s’appelle la NON-FORME, la deuxième porte de la libération. Une fois entrés par cette porte, votre vue sera purifiée. Et comme votre vue sera pure, vous pourrez mettre fin à toutes vos afflictions telles que l’avidité, la colère et l’ignorance. Une fois ces trois afflictions déracinées, vous demeurerez dans la vision de la non-discrimination. Lorsque vous serez établis dans cette vision, vous pourrez abandonner les vues concernant “le moi et le mien”, c’est-à-dire toutes les vues fausses. Celles-ci n’auront plus de base ni d’occasion de se manifester.(C)
” De plus, chers bhikshus, une fois libérés de la vue du moi, vous ne considérerez plus ce que vous voyez, entendez, ressentez et savez comme des réalités en dehors de votre perception. Pourquoi ? Parce que la perception elle-même se manifeste à partir de conditions. La perception ainsi que les conditions qui font manifester la perception, sont toutes changeantes et impermanentes. Comme la conscience est impermanente, elle est insaisissable. Si la conscience est vide, comme tout autre phénomène, que faut-il encore poursuivre ? Cette contemplation s’appelle la NON-POURSUITE, la troisième porte de la libération. Une fois entrés par cette porte, vous verrez profondément la vraie nature des phénomènes, vous ne vous attacherez plus à aucun phénomène, et vous ferez l’expérience totale de la nature d’extinction de tous les phénomènes.(C)
“Ainsi est e sceaux merveilleux du Dharma, les trois portes menant à la libération. cchers bhikshus, si vous apprenez et mettez en pratique cet enseignement, vous atteindrez certainement la vue pure et juste.”
Tous les bhikshus furent très heureux d’avoir entendu cet enseignement. ils s’inclinèrent devant le Bouddha après l’avoir reçu, et entreprirent de le mettre en pratique.» (C-C)
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