Le 11 avril dernier, les autorités de la ville de New York ont co-nommé une rue (la West 109th Street) ‘Thich Nhat Hanh Way’ en l’honneur de notre maître zen Thich Nhat Hanh, aussi connu avec affection sous le nom de Thây. Ceci signe la reconnaissance de son extraordinaire contribution à la paix, à la pleine conscience et à la transformation sociale dans le monde.

La cérémonie s’est déroulée à l’angle de deux rues 109th Street et Broadway, près de l’Union Theological Seminary et de l’université Columbia, où vécut Thay, où il enseigna et où, en tant qu’érudit, professeur et militant, il sema les graines d’un bouddhisme engagé au cours d’une période déterminante de sa vie.
Ce moment est un grand honneur, non seulement pour celles et ceux qui ont connu et aimé Thây, mais aussi pour toutes les personnes qui continuent à suivre le chemin qu’il a éclairé. Sa présence à New York était ancrée dans un engagement courageux face à la souffrance, né d’une profonde intuition, de l’énergie de la paix et d’un amour inclusif.
La paix en moi, la paix dans le monde
Lorsque Thây est arrivé à New York dans les années 1960, la guerre américano-vietnamienne s’intensifiait. De nombreuses communautés spirituelles ne savaient pas comment réagir. Jeune moine exilé de son pays, Thây a proposé une voie à suivre : la paix en soi, la paix dans le monde. Il a pris la parole dans des églises, des universités et des rassemblements pour la paix, faisant appel à la conscience d’une nation et appelant à mettre fin à la violence (en commençant à l’intérieur, en nous-même).
Thây a enseigné que notre engagement quotidien dans la vie est notre pratique et que, même au milieu des difficultés, nous pouvons toucher les merveilles de la vie. Cette graine de compréhension, de vision profonde, plantée en temps de guerre, allait plus tard s’épanouir dans la communauté internationale du Village des Pruniers.
La vérité avec compassion
Aujourd’hui, alors que les souffrances se perpétuent à travers le monde, nous pouvons nous interroger : Comment marcher dans les pas de Thây ? Comment pouvons-nous cultiver la paix en nous-mêmes et la paix dans le monde ?
Thây nous a montré que le fait de dire la vérité ne doit pas nécessairement découler de la colère ou de la peur, mais qu’elle peut naître de la compassion, de notre conscience de l’inter-être et d’une aspiration commune à soulager la souffrance. Sa vie nous invite à nous interroger : que signifie dire la vérité avec amour ? Que signifie agir, non pas par réactivité, mais par une écoute profonde ? Comment notre vie peut-elle être notre message ?
Une invitation permanente
En célébrant cette nomination, nous honorons non seulement le temps où Thây vécut à New York, mais aussi son héritage perpétuel en tant que maître spirituel, militant pour la paix et être humain ayant vécu dans l’intérêt de tous. Puisse ce panneau de rue être une invitation : celle de marcher en pleine conscience. Une invitation à écouter avec tout notre être. À vivre avec le courage nécessaire pour affronter ce monde dans la paix et la vérité, ensemble.
Ceux qui recherchent la vérité sont membres de la communauté des diseurs de vérité et des réformateurs à travers le temps et l’espace.
Thich Nhat Hanh, Feuilles odorantes de palmier

Quelques témoignages de la cérémonie
La première étape pour que la rue soit co-nommée Thich Nhat Hanh Way a été d’obtenir l’approbation du Manhattan Community Board 7 (Conseil communautaire de Manhattan 7) de la ville de New York. En souhaitant la bienvenue à tous les participants, frère Phap Luu, du monastère de Deer Park, a expliqué qu’après avoir approuvé la proposition à l’unanimité, le président du CB7, Mark Diller, a déclaré :
Il arrive souvent que nous donnions un nom à une rue afin d’élever une personne. Et parfois, nous nommons une rue pour que la personne nous élève.

Shaun Abreu, représentant du district 7 au conseil municipal de New York, a déclaré :

Shaun Abreu, représentant du district 7 au conseil municipal de New York (Photo de Brian Murphy)
Les New-Yorkais ne sont pas forcément connus pour leur calme et leur tranquillité… Mais Thich Nhat Hanh avait un message pour les personnes comme nous. Il savait que nous ne pouvons pas construire un monde meilleur si nous sommes toujours en colère, si nous perdons de vue l’humanité de chacun… En plaçant son nom au cœur de tout cela, nous créons un moment de pause, une respiration, un rappel que la paix ne se trouve pas dans le fait de se retirer du monde, mais dans la façon dont nous choisissons de le parcourir.
Frère Phap Khong, du monastère de Blue Cliff, a fait part de son expérience :

Il s’agit d’une célébration de la paix, de la pleine conscience et de l’enseignement profond de Thich Nhat Hanh… Le co-appellation de cette rue témoigne de l’impact durable de Thich Nhat Hanh. Elle devient une lueur d’espoir et nous rappelle le pouvoir de la pleine conscience et l’importance d’une vie en harmonie.
En tant qu’héritière de Thây, Anh-Huong Nguyen, sa nièce et enseignante laïque du Dharma, a reçu un duplicata du panneau. Voici ce qu’elle a confié à ce sujet :

Mon cœur est tellement empli qu’il est difficile de mettre des mots sur ce que je ressens. J’entends Thây dire que c’est un moment heureux. Et je ressens profondément et fortement que Thây est ici avec nous.
Soeur Hoa Nghiem du Monastère de Blue Cliff :

Il y a plus de 60 ans, le long de la rue qui porte ce nom, un jeune moine marchait chaque jour d’un pas conscient. Cette rue est donc devenue légendaire, car elle a l’honneur de porter les premiers pas de Thây, l’éveillé.
Quelques photos de la Cérémonie






Nous remercions Brian Murphy pour les photos et les personnes qui ont contribué à cet événement.