Thich Nhat Hanh sur... / L’esprit de la retraite des pluies de 3 mois (1ère partie)

Dans cette première partie d’une série de deux articles, Thich Nhat Hanh nous offre ses conseils quant à la façon d’aborder les 90 jours de la retraite des pluies.

Chers amis! La Communauté du Village des Pruniers en France poursuit sa retraite annuelle de trois mois – qui se déroule du 9 septembre au 9 décembre 2021 – aussi appelée ‘Retraite des pluies’.
Le 12 septembre 2004, notre Maître, Thich Nhat Hanh (aussi surnommé Thây) nous avait offert un merveilleux Enseignement du Dharma consacré à l’esprit de la retraite des pluies. Nous vous invitons à prendre connaissance des extraits de ce discours pour ré-ancrer en vous l’esprit de cette retraite et vous en nourrir. À vous tous, chers amis qui, cette année, nous rejoignez ‘en ligne’ pour vivre cette retraite des pluies, nous souhaitons 3 mois emplis de transformation, de joie, de guérison et de bonheur.

Hameau du Haut, septembre 2021, Cérémonie d’Ouverture de la Retraite des trois mois

« Chère Sangha, nous sommes aujourd’hui le 12 septembre 2004 ; nous sommes dans la salle de méditation du Nectar du Dharma, au Hameau du Bas, et nous nous préparons pour notre retraite de trois mois. La retraite de trois mois d’automne et d’hiver cette année va nous apporter beaucoup de bonheur… Nous vivons ensemble comme une famille spirituelle et pratiquons de manière à ce que le bonheur soit possible chaque jour, chaque heure. Nous nous établissons paisiblement dans la retraite, dans le cadre des frontières et des 90 jours. »

Ce n’est pas un moyen, c’est une fin en soi

« La retraite n’est pas un moyen d’atteindre quoi que ce soit : elle est une fin en soi. La retraite doit être synonyme de bonheur, elle n’est pas un moyen d’obtenir le bonheur, mais elle est le bonheur lui-même. Ainsi, la pratique de l’assise est le bonheur. En marchant, nous marchons de manière à être heureux. En écoutant un Enseignement du Dharma, nous écoutons de manière à être heureux. En mangeant, nous mangeons de manière à être heureux. Qu’il s’agisse de laver nos bols ou nettoyer le sol, travaillons de manière à être heureux. Nous devrions tous nous assurer de savoir comment y parvenir. Si nous prenons l’exemple de la méditation assise, nous devrions, chacune et chacun, trouver une façon de nous asseoir de manière à ce que le bonheur soit présent pendant les 45 minutes d’assise. Nous ne nous asseyons pas parce que d’autres personnes le font. Les autres personnes qui s’assoient avec nous peuvent nous fournir une énergie de soutien afin que nous puissions réussir notre séance. Pratiquer l’assise 45 minutes n’est alors pas un devoir, ni une activité programmée, mais un plaisir. Dans notre monde, nous sommes tous très occupés. Le fait de pouvoir s’asseoir sans rien faire, avec un esprit clair, s’asseoir confortablement, s’asseoir pour être soi-même représente une opportunité dont bénéficient très peu de personnes dans la société. Pouvoir s’asseoir ensemble est donc une grande chance ; il serait dommage de considérer l’assise comme une obligation ou quelque chose qu’il faut faire pour passer le temps. Nous devons donc réussir à nous asseoir. »

« Le temps passé en position assise est nourrissant et joyeux. Chacun doit trouver sa propre voie pour y parvenir. Nous pouvons consulter nos frères et sœurs aînés, ou les plus jeunes, pour comprendre comment ils y parviennent, comment ils sont heureux en se nourrissant de la méditation assise. Nous devons être capables de faire cela, sinon c’est un vrai gaspillage. La médiation assise n’est pas un moyen, c’est aussi une fin. »

Simplement s’asseoir

2021, Frère Phap Huu, Maître de Cloche durant la Cérémonie d’Ouverture de la Retraite des 3 mois

« Il existe une expression, dans le Zen Soto, (“Chỉ quán đả toạ”) qui signifie “Asseyez-vous simplement”, ce qui implique que nous ne pensons pas au résultat que peut procurer l’assise. Nous nous asseyons de manière à pouvoir être heureux, et nous éveiller comme le Bouddha pendant que nous sommes assis. C’est une opportunité pour nous de devenir Bouddha, d’être heureux. Cela s’appelle “Chỉ quán đả toạ”. Et on peut l’appliquer à d’autres moments de la retraite. Par exemple, marcher, c’est simplement marcher. Marcher de manière à devenir une personne libre. Le bonheur est à chaque pas que nous faisons. »

« “Chỉ quán đả hành”, ça veut dire marcher, tout simplement. Et quand on mange, on mange tout simplement. Nous ne mangeons pas pour devenir quoi que ce soit. Simplement, on mange… et on est heureux en mangeant. Nous avons 90 jours pour pratiquer de la sorte. Nous le faisons tous les jours : nous nous asseyons, nous marchons, nous lavons nos vêtements, nous mangeons, nous faisons la vaisselle. Nous le faisons en tant que personne libre, car notre bonheur se fonde sur la liberté, et non sur notre désir de consommer ou de faire du shopping. Nous devons donc nous préparer à cette retraite, comme nous nous préparons à la célébration de Têt (fête du nouvel an lunaire). Nous devons considérer la retraite de 90 jours comme une longue période de Têt, pour être heureux, et non pour accomplir un devoir. Ces dernières semaines, la Sangha a déjà commencé à se préparer pour la retraite. Mais une préparation dans la seule forme ne suffit pas. Nous avons organisé des réunions de Sangha, puis changé de chambre, nous avons défini de nouveaux mentors et un nouveau programme, nous avons choisi des sutras et des chants, et nous avons préparé bien d’autres choses. Mais tout cela ne constitue qu’une préparation sur le plan organisationnel. Il est tout aussi essentiel de préparer notre esprit. Avant toute chose, nous préparons notre esprit en prenant conscience que 90 jours s’offrent à nous et que pratiquer ensemble en cultivant la joie collectivement est une formidable opportunité dont bénéficient peu de personnes. »

Les amis laïcs qui se sont engagés à vivre les 3 mois de la retraite 2021, avec la communauté monastique.

« Parmi nous, quelques amis laïcs ont la chance de pouvoir séjourner parmi nous tout au long des 3 mois. D’autres ne peuvent rester qu’un mois ou la moitié d’un mois. C’est donc une opportunité rare. Dans le contexte que nous connaissons actuellement, le fait de pouvoir suivre une retraite de 90 jours est une véritable joie. Il nous appartient de la préparer de façon à être heureux pendant ces 90 jours. Chaque jour est un bonheur. Chaque journée est nourrissante. Chaque jour est source de transformation. Chaque jour est là pour nous faire toucher du doigt les merveilles de la vie. Chaque journée est une occasion de nourrir la fraternité et la sororité. »

Repartir à zéro

« Il est essentiel que nous gardions toujours à l’esprit que la retraite de 3 mois n’est pas un moyen. C’est un plaisir. C’est la vie. Ainsi, avant d’initier la retraite de trois mois par la Cérémonie du Face à Face, nous devons dénouer tous les nœuds internes que nous n’avons pas encore résolus, les choses que nous n’avons pas encore réglées avec nos frères et sœurs. Nous devons dénouer ces nœuds afin d’être totalement libres et clairs le jour de la cérémonie du Face à Face. Si nous avons des problèmes avec un frère ou une sœur aîné(e) ou plus jeune, nous devons mettre à profit les jours qui précèdent la cérémonie de Face à Face pour les résoudre, afin que tout soit renouvelé. Nous devons pratiquer le nouveau départ les uns avec les autres. Sinon, la retraite de trois mois ne sera pas être aussi entière, pure et parfaite que nous le souhaiterions. Il en va de même lorsque nous nous préparons à la célébration du Têt, [au Viêt Nam] le 30 [dernier jour de l’année lunaire], nous devons en quelque sorte apurer toutes nos dettes.»

« Si nous empruntons 50 cents ou 2 dollars, nous devons trouver les moyens de les rembourser, car si un agent de recouvrement se présente le premier jour du Nouvel An, l’année entière sera gâchée. Au Nouvel An, tout doit être nouveau. Pendant la retraite de trois mois, nous devons aussi être nouveaux. Pour nous, monastiques, c’est un grand bonheur. Recommencer à zéro peut se faire rapidement. Si nous le souhaitons, nous pouvons le faire très rapidement.»

Thây est toujours là pour nous

Conseils aux aspirants

« Parmi les participants à la retraite des trois mois, cinq novices nouvellement ordonnés vont la vivre pour la première fois. Nous leur souhaitons beaucoup de bonheur dans leur première Retraite des Pluies en tant que monastiques. Une autre cérémonie d’ordination de novices aura lieu au cours de ces 3 prochains mois, ils feront partie de la famille d’ordination de l’arbre ‘Sweetsop’ Annona squamosa, également appelée pomme à sucre ou pinha, petit arbre ou arbuste de la famille des pommes à la crème. Celles et ceux qui ont été acceptés comme aspirants doivent pratiquer de tout leur cœur, sans quoi les préceptes ne pourront pas leur être transmis ce jour-là. Être aspirant(e) ne garantit pas que vous deviendrez un jour un arbre Sweetsop. Vous devez donc faire un effort, pratiquer correctement, afin de pouvoir être ordonné ce jour-là. Si ce n’est pas le cas, vous devrez attendre la prochaine ordination. Et, qui sait, il s’agira peut-être du Bananier ?!»


Pour lire la deuxième partie, cliquez ici.


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What is Mindfulness

Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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