Moments de Joie, Moments Merveilleux : Quelques souvenirs avec Soeur Jina, (Soeur Dieu Nghiem) (2ème partie)

Un très beau souvenir de tendre sororité

Depuis son arrivée au Village des Pruniers en 1990, Sœur Dieu Nghiem (également connue sous le nom de Sœur Jina) a inspiré et touché la vie d’innombrables jeunes moines et moniales, tant par ses enseignements que par sa pratique incarnée. Dans cette deuxième partie, quelques moines et moniales partagent des moments joyeux en compagnie de leur chère grande sœur.

La pluie du Dharma apporte la tranquillité

Un Partage de Frère Trời Đạo Bi 

Durant mon premier séjour au Village des Pruniers, alors que j’écoutais un enseignement de sœur Jina, j’ai fondu en larmes. Et je ne savais pas pourquoi. C’était comme si ses paroles pénétraient au plus profond de ma conscience. Sa pluie du Dharma imprégnait profondément le sol aride de mon esprit. J’ai rencontré Sœur Jina lors d’une retraite avec Thây en Indonésie. À cette époque, accompagnée de Frère Phap Ho (Jem) et quelques autres monastiques, Soeur Jina était venue nous offrir une journée de pleine conscience à Bogor, ma ville natale. Je faisais partie de l’équipe d’organisation de l’événement, et il s’agissait de ma toute première rencontre avec des monastiques occidentaux. J’ai été profondément marqué par la profondeur de sa pratique.

Sœur Jina me confia alors que chaque fois qu’elle se rendait en Indonésie, elle se sentait chez elle. Je lui ai dit que chaque fois que j’allais aux Pays-Bas, je me sentais immédiatement chez moi, sans savoir pourquoi. Elle a découvert que de nombreux plats qu’elle avait l’habitude de manger aux Pays-Bas provenaient en fait d’Indonésie. Son plat indonésien préféré est le gado-gado (légumes, salade composée de tempeh, tofu et d’une sauce aux cacahuètes). Depuis lors, j’aime lui proposer ce plat. Parfois, j’invite quelques frères à m’accompagner au Hameau du Bas rendre visite à Sœur Jina et, ensemble, nous dégustons le gado-gado. Chaque fois que je vois Sœur Jina, sa légèreté et sa décontraction m’aident toujours à me sentir à l’aise. Cela m’aide à apprendre à être plus à l’aise en présence des sœurs et frères aînés de la communauté.

Dégustation de gado-gado

Simplement apprécier, simplement être

Un Partage de Soeur Trăng Hiếu Khai 

Il y a deux ans, j’ai accompagné Sœur Jina en tant que “attendante”, une expérience qui influence encore profondément ma pratique aujourd’hui. J’ai appris à ne plus attendre, ce qui peut être source de sentiments désagréables, mais simplement à profiter du moment présent. Je n’ai rien à faire, nulle part où aller. Cette expérience d’attendante m’a aidée à simplement être et à créer des moments de repos pour moi-même. Même aujourd’hui, chaque fois que je fais la queue pour un repas, je garde cela à l’esprit.

Sœur Jina m’a également appris à m’arrêter lors des repas et à attendre que la nourriture parvienne à l’estomac. En néerlandais, on dit ‘laisser la nourriture couler dans l’estomac’. C’est ce que je fais encore aujourd’hui, et cela m’aide à être en contact avec la réaction de mon corps vis-à-vis de la nourriture, ainsi qu’à profiter d’un moment de plus où je n’ai rien à faire et nulle part où aller.

Chaque jour où nous marchions ensemble, j’apprenais à apprécier encore plus profondément la nature. Je n’avais pas vraiment conscience des nuances de couleurs, comme le bleu du ciel associé au vert des arbres. C’est tellement beau et cela m’apporte beaucoup de joie. Nous nous arrêtions régulièrement pour écouter le chant des oiseaux. Un jour, nous avons vu un magnifique arc-en-ciel de brume, ce que je n’avais jamais vu auparavant. Chaque fois que je me promène autour du Hameau du Bas, ces souvenirs d’il y a deux ans me reviennent à l’esprit et je me sens très reconnaissante pour ces expériences que j’ai vécues avec sœur Jina.

La vie est un voyage

Un partage de Soeur Xuân Hạnh 

J’ai passé trois mois aux côtés de sœur Jina et cela m’a permis de découvrir toutes sortes de merveilles, depuis la nature jusqu’à la dégustation d’une tasse de thé irlandais. Sœur Jina est comme un oiseau, voyageant d’un endroit à l’autre : Le Hameau du Bas est son univers, qu’elle explore chaque jour. Du lever du soleil tôt le matin, brillant à travers les peupliers, au chant des oiseaux dans les pins l’après-midi, elle ne manque jamais une merveille que lui offre la nature ou les êtres. Un jour de pluie est un jour de thé, douillet et chaleureux. Un jour ensoleillé est un jour d’exploration. En passant d’un champ à l’autre, entre les arbres, les fleurs et la faune, la terre locale devient l’endroit le plus exotique qui soit. La vie est un voyage, une danse avec le soleil, sauvage, ouverte et libre. Le temps n’affecte pas son état d’esprit. C’est irlandais, dirait-elle, vent et soleil ont tous deux quelque chose à offrir. Et si la porte de la salle de méditation est fermée à 6 heures du matin, cela donne du temps pour la méditation marchée : la lune, les étoiles, le givre sur les arbres, la nuit qui nous enveloppe dans sa couverture chaude. Et nous deux, marchant au clair de lune. Le silence.

Il n’y a pas un seul instant qui ne soit une merveille de la vie.

Toujours une aventure

Un partage de Soeur Đôn Hạnh 

L’hiver dernier fut très, très pluvieux, mais chaque jour, avec Su me Jina, nous avons profité d’une longue promenade dans les terres entourant le Hameau du Bas. « Hum… chaussures de route ou chaussures de trail, em (petite sœur) ? ». Nous connaissions déjà toutes les deux la réponse : chaussures de trail ! Car aller se promener avec Su me Jina c’était toujours une aventure. Tout était possible. Il était beaucoup plus amusant d’explorer de nouveaux sentiers que de marcher sur la route ; et s’il n’y avait pas de sentiers, il nous restait à les créer de nos pas.

Nous revenions au Hameau du Bas la robe boueuse, les joues roses et un grand sourire aux lèvres. « Em, nous n’avons pas besoin de plus de boue. Notre propre boue suffit, n’est-ce pas ? », disait-elle, le regard malicieux.

Au cours de nos promenades, Su me Jina s’arrêtait régulièrement pour contempler attentivement le paysage de ses yeux d’un bleu profond. Ensuite, elle sortait son téléphone portable et jouait avec l’appareil photo, plaçant la lumière ici ou là, zoomant sur tel ou tel détail… Son talent photographique, hérité de ses ancêtres, offre à Su me la capacité de faire ressortir la beauté de tout ce qui se trouve face à l’objectif, en y ajoutant une touche d’humour, de fraîcheur et de poésie.

Au cours des mois passés auprès de Su me Jina, j’ai pu observer ce processus à l’œuvre en moi-même et chez les personnes qui lui sont proches. Grâce à son regard empreint de sagesse, à son amour et à son attention, nous avons pu entrer en contact avec notre émerveillement intérieur et le renforcer.

Merci Su me d’être là pour nous toutes et tous, et de nous rappeler que nous sommes de véritables merveilles.

Les actes quotidiens de bonté aimante

Un partage de Soeur Đăng Hạnh

En tant qu’attendante de sœur Jina, j’ai eu le privilège extraordinaire de passer de nombreux moments à ses côtés en dehors des pratiques formelles et des activités de la sangha. Chaque instant passé avec elle était un moment d’enseignement mais, au cours de ces moments naturels, ses enseignements sur la façon de vivre en pleine conscience touchaient mon cœur de manière plus directe.

Durant les mois les plus froids au Bas-Hameau, on peut voir des punaises puantes se faufiler partout dans les bâtiments. Elles sont partout. Beaucoup d’entre elles meurent à l’intérieur, incapables d’hiberner pendant l’hiver. Chaque jour, on peut trouver une punaise immobile sur le dos, les pattes repliées. La chambre de Sœur Jina et les espaces environnants ne sont pas épargnés par ce phénomène. Lorsque Sœur Jina en trouvait une vivante, elle la ramassait délicatement et la relâchait dehors, même si elle en trouvait beaucoup. Lorsqu’elle en découvrait une morte, elle la ramassait délicatement et la déposait sur le sol près d’une plante et ce, même si il y en avait beaucoup. Elle voulait qu’elles puissent reposer dans la nature, sur la Terre Mère. Ce petit geste quotidien m’a profondément touchée.

Sœur Jina, offrant sa bienveillance à tous les êtres qui croisent son chemin, en toute simplicité.

Vous pouvez suivre ce lien pour accéder à la première partie de l’article, paru en juin dernier


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What is Mindfulness

Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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