Poésie de Thay / Recommandation

Un poème écrit par Thich Nhat Hanh en 1968 pour les jeunes qui risquèrent leur vie chaque jour durant la guerre du Vietnam, afin de les préparer à mourir sans haine.1

Promets-moi,
Promets-moi aujourd’hui même,
Promets-moi maintenant,
alors que le soleil est au-dessus de nos têtes
juste au zénith,

promets-moi :


Même s’ils te terrassent
d’une montagne de haine et de violence ;
même s’ils te piétinent et t’écrasent
comme un ver,
même s’ils t’étripent et t’arrachent les membres,
souviens-t’en, frère,

souviens-t’en :
l’homme n’est pas notre ennemi.

La seule chose digne de toi est la compassion –
invincible, sans limites, sans conditions.
La haine ne te laissera jamais affronter
la bête qui est en l’homme.

Un jour, quand tu seras seul face à cette bête,
ton courage intact, tes yeux pleins de bonté,
tranquilles,
(même si personne ne peut les voir),
de ton sourire
une fleur s’épanouira.

Et ceux qui t’aiment
te verront
pendant dix mille mondes de naissances et de morts.

Seul à nouveau,
j’irai, tête inclinée,
sachant que l’amour est devenu éternel.
Sur la route longue et rude,
le soleil et la lune

continueront de briller.

**********

L’homme n’est pas notre ennemi. Notre ennemi, c’est la haine, la colère, l’ignorance et la peur.

Thay a écrit ce poème en 1965, spécialement pour les jeunes de l’École de la Jeunesse pour le Service Social qui, chaque jour, risquaient leur vie pendant la guerre, afin de leur recommander de mourir sans haine.

Certains avaient déjà été tués violemment, et j’ai mis en garde les autres contre la haine. Notre ennemi, c’est notre colère, notre haine, notre avidité, notre fanatisme et notre discrimination à l’égard des hommes. Si tu meurs à cause de la violence, tu dois méditer sur la compassion afin de pardonner à ceux qui te tuent. Lorsque tu meurs en parvenant à cet état de compassion, tu es vraiment un enfant de l’Éveillé. Même si tu meurs dans l’oppression, la honte et la brutalité, si tu peux sourire en pardonnant, tu as tout pouvoir.

En relisant les lignes de ce poème, j’ai soudain compris ce passage du Soutra du Diamant qui parle de kshanti, endurance ou tolérance : ‘Ton courage intact, tes yeux pleins de bonté, tranquilles (même si personne ne peut les voir), de ton sourire une fleur s’épanouira. Et ceux qui t’aiment te verront pendant dix mille mondes de naissances et de morts.’

Si tu meurs dans un esprit de compassion, tu es comme une torche qui éclaire notre chemin. Avant de s’immoler par le feu, Nhat Chi Mai, une des premières membres de l’ordre Tiep Hien, lut ce poème qu’elle enregistra sur une cassette pour ses parents.

‘Seul à nouveau, j’irai tête inclinée’ afin de te voir, de te connaître, de me souvenir de toi. Ton amour est devenu éternel. Sur la longue route difficile, le soleil et la lune continueront de briller. Quand une relation adulte existe entre des personnes, il y a toujours de la compassion et du pardon. Dans notre vie, nous avons besoin que les autres nous voient et nous reconnaissent afin de nous sentir soutenus. Comme nous avons besoin que le Bouddha nous regarde ! Sur notre chemin de service, il y a des moments de douleur et de solitude, mais quand nous savons que le Bouddha nous regarde et nous connaît, nous sentons un grand élan d’énergie et une ferme détermination à continuer notre tâche.
Thich Nhat Hanh 

  1. La version française de ce poème est extraite du recueil ‘Une flèche deux illusions’, page 34 ↩︎

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What is Mindfulness

Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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