Laissez vous embrasser par la Terre avec cet enseignement de Thich Nhat Hanh.
Dans ses Enseignements, le Bouddha parle de la Terre Mère en termes de ‘Patience’ et ‘Equanimité’. Les qualités de patience et équanimité sont les deux grandes vertus de la Planète Terre. Notre Société n’est pas très saine et c’est pour cela que tant de personnes sont malades. Nous avons besoin de la guérison et de nourriture saine. Nous nous intoxiquons avec tant de poisons ! Notre corps et notre esprit sont plein de poisons. L’avidité, la haine, la colère, le désespoir sont des poisons pour notre esprit. Et notre corps est lui aussi empli de poisons car nous ne savons pas comment consommer. La Terre Mère a le pouvoir de se guérir elle-même, elle a la capacité de s’auto-guérir. Elle a aussi la capacité de nous aider à guérir, pour autant que nous sachions comment prendre refuge en elle.
Alors que le Bouddha donnait un Enseignement à Rahula, il a mentionné le fait que la Terre possède les Vertus de Patience et Equanimité. S’il le faut, la Terre pourrait prendre 1 million, voire 10 millions d’années pour se guérir. Elle n’est pas pressée. Elle a le pouvoir de se renouveller. Nous devons observer cela. L’Histoire nous le montre. Elle a déjà fait preuve d’énormément de patience. C’est ainsi qu’elle est à présent une si belle Etoile. Quand nous marchons, nous sommes conscients que la Terre porte nos pas. La Terre Mère n’est pas uniquement ce qu’il y a sous nos pieds ; la Terre Mère est aussi en nous. Il serait faux de considérer que la Terre Mère est à l’extérieur de nous, elle est en nous. Nous n’avons pas besoin de mourir pour retourner à la Terre Mère. Nous sommes déjà en elle. Nous devons donc apprendre à prendre refuge en elle. C’est la meilleure façon de guérir et nous nourrir.
La marche méditative est donc une des façons qui nous permettent de guérir.
On peut dire que la marche méditative est un succès si nous permettons à la Terre Mère d’être en nous et autour de nous. Nous devons avoir cette conscience d’être la Terre. Nous n’avons pas grand chose à faire. Nous ne devons pas faire quoi que ce soit pour avoir la guérison. C’est un peu comme quand nous étions dans la matrice de notre maman. Nous n’avions pas besoin de respirer. Nous n’avions pas besoin de manger. Notre Maman respirait pour nous ; elle mangeait pour nous. Nous n’avions à nous préoccuper de rien du tout. Et, aujourd’hui, il est tout à fait possible de se comporter de la même façon.
Quand nous nous asseyons, nous devons juste permettre à la Terre Mère de s’asseoir pour nous. Quand nous respirons, permettons à la Terre Mère de respirer pour nous. Quand nous marchons, laissons la Terre Mère marcher pour nous.
Ne faisons pas d’effort. Laissons-la faire, elle sait comment faire.
Imaginons que nous sommes assis. Inutile de faire des efforts. Ne luttons pas. Ne cherchons pas à inspirer et expirer. Ne cherchons pas à être en paix. Permettons à la Terre Mère de faire tout pour nous. Laissons l’air entrer dans nos poumons et laissons l’air sortir de nos poumons. Il n’est pas nécessaire d’essayer d’inspirer ni d’expirer. Nous laissons simplement la Nature, la Terre Mère, inspirer et expirer pour nous. Nous nous asseyons simplement et apprécions l’inspiration et l’expiration. Il y a l’inspiration ; il n’y a pas de ‘moi’ qui inspire. Il n’y a pas besoin de ‘Je’ pour pouvoir inspirer et expirer.
L’inspiration et l’expiration se produisent d’elles-mêmes. Il suffit de l’expérimenter.
Y a-t-il quelque chose à faire ? Non… juste permettre que l’inspiration se produise, juste permettre à l’expiration de se produire. Et savourer l’inspiration et l’expiration.
Et si nous faisons cela, si nous permettons à notre corps de se détendre complètement, nous n’aurons pas à faire le moindre effort. Nous pouvons faire comme l’embryon, le foetus dans la matrice de la maman. Permettons à notre maman de faire tout pour nous. Respirer, Manger, Boire… et c’est possible maintenant, si nous savons comment refuge dans la Terre Mère. Elle est un grand Bodhisattva. Elle est la Mère de tous les Bouddhas. La Maman de tous les Bodhisattvas, de tous les Saints.
Shakyamuni est son fils, Jésus-Christ est son fils. Et nous sommes aussi ses filles et ses fils. Nous devons apprendre à prendre refuge en elle. Nous devons apprendre à la laisser faire tout pour nous. Nous n’avons pas besoin de faire quoi que ce soit. Nous ne devons pas lutter pour nous asseoir. Nous devons nous permettre d’être assis. Permettons-nous d’être nous-mêmes. Ne faisons rien, laissons l’assise prendre place. Ne luttons pas pour nous asseoir. C’est ainsi que la relaxation pourra advenir. Quand il y a relaxation, alors la guérison peut opérer. Il n’y a jamais de guérison sans relaxation. Se relaxer, cela veut dire que nous ne faisons rien. Essayez vraiment ‘rien’. Quand vous inspirez, ce n’est pas vous qui inspirez ; vous savourez simplement et vous pouvez vous dire “la guérison prend place”. Et quand vous expirez, vous vous dites “la guérison opère” et vous permettez à votre corps de se guérir lui-même et d’être nourri. C’est la Pratique de la Non-Pratique. Pratiquer la ‘non-Pratique’.
Et si nous observons bien, nous verrons que la Terre Mère a le pouvoir et la capacité de se guérir et de nous guérir. Nous pouvons avoir confiance en ses pouvoirs de guérison. Cette confiance provient de notre propre expérience et non de quelque chose qui nous a été dicté. La Terre Mère a le pouvoir de se renouveler d’elle-même. Elle peut se transformer. Elle peut se guérir et nous guérir. C’est un fait certain. Si nous reconnaissons cela, la foi est là. Nous avons confiance et nous prenons refuge. Nous nous laissons guérir par la Terre Mère. Durant l’Assise, la guérison advient. En marchant, nous obtenons la guérison. En respirant, la guérison arrive. Nous n’avons rien à faire. Juste nous abandonner à la Terre Mère et elle fera tout.
Durant l’inspiration (je ne veux pas dire ‘quand vous respirez’) ; quand l’inspiration se produit, vous vous dites “la nourriture advient, la nourriture m’est donnée”. Donnez-vous le droit d’être nourri. Vous êtes nourri par l’air, vous êtes nourri par le soleil ; l’air vous embrasse, il pénètre en vous et la lumière du soleil pénètre elle aussi en vous. La Terre Mère et le Père Soleil sont là 24h sur 24 pour nous. Même la nuit, le Soleil est présent. Mahavairocana Tathagata, merveilleux Père Soleil, est là pour nous ; sans lui, nous gèlerions. Tout comme la Terre Mère, le Père Soleil n’est pas uniquement là-haut, il est aussi en nous.
C’est avec cette Vue profonde, cette Compréhension, que j’ai écrit le livre “le Soleil mon coeur” (“The sun my heart” en anglais). Le Soleil est mon coeur, en moi.
Donc, si vous connaissez la Pratique de la Non-Pratique, vous ne devez pas combattre ni lutter pour pratiquer. Nous savons que la guérison sera difficile si nous ne permettons pas à notre corps de guérir. Et si nous ne permettons pas à notre esprit de guérir. Nous pensons peut-être que nous avons besoin de toute une panoplie de médicaments pour guérir. Ou que nous devons faire beaucoup d’exercice physique ou mental.
En réalité, le seul exercice qui peut nous guérir, c’est l’exercice du non-exercice. Nous ne devons rien faire. Nous ne devons pas essayer de nous exercer à quoi que ce soit. Nous devons juste nous détendre et relâcher les tensions du corps et toutes les inquiétudes et peurs présentes dans notre esprit. Car c’est tout cela qui nous empêche de guérir. Apprendre à laisser aller, à relâcher. Prendre totalement refuge dans la Terre et le Soleil et permettre la guérison.
Nous devons permettre cela dans les quatre positions : que nous soyons couchés, assis, debout ou en train de marcher. Nous devons toujours prendre refuge et permettre à la Terre Mère et au Père Soleil de pénétrer et d’agir pour nous, et permettre la guérison. Par expérience, nous savons
qu’aucune guérison n’est possible sans détente ni relaxation.
Asseyons-nous de façon à ne pas essayer de nous asseoir ; savourons profondément notre assise. Il n’y a rien à faire, nulle part où aller. Juste nous asseoir et apprécier. Et si nous pouvons nous asseoir ainsi trente minutes, nous avons trente minutes de guérison. Nous savourons chacune des inspirations. Et ce n’est pas à nous de faire l’inspiration et l’expiration. Nous ne devons pas les faire. Elles se produiront d’elles-mêmes. L’inspiration n’a pas de besoin de ‘soi’ pour se produire. Le “Je” n’a pas besoin de respirer pour qu’il y ait une inspiration ; elle se produit d’elle-même. Je dois juste la savourer. Et si je sais comment l’apprécier, la respiration sera encore plus agréable et sa qualité s’amplifiera parce que je n’essaie pas d’interférer, de la gérer, de la forcer.
L’assise devrait donc être naturelle et sans effort. C’est pareil pour la respirations et pour la marche. Nous n’avons pas à marcher d’une certaine façon. Ne cherchons pas à marcher, permettons à la marche de se faire. La marche se fera, sans nous. Nous n’avons pas besoin de volonté pour marcher. Nous devons juste permettre à la marche de se dérouler ; nous devons juste être présents et savourer. Chaque pas dans cette énergie sera guérissant et nourrissant. Il faut juste le lâcher prise et la relaxation. Aucune guérison n’est possible sans relaxation ni lâcher prise. Nous devrions pratiquer ces choses toutes simples afin de permettre la guérison en nous et dans la société, dans le monde. Si nous faisons cela une heure, nous aurons une heure de guérison. Si nous pratiquons ainsi une journée, ce sera une journée de guérison ; et c’est possible ! Faisons en sorte que cela soit agréable, guérissant et nourrissant. Faisons tout sans effort, sans essayer quoi que ce soit. Prenons refuge dans la Terre Mère, elle sait comment respirer. Elle continue à le faire pour nous, comme quand nous étions en elle, dans le ventre de notre maman.