Noël est un moment de joie et de célébration, mais il n’est pas exempt de difficultés et de défis. Dans cet article, nous interrogeons nos frères et sœurs aînés, enseignants du Dharma du Village des Pruniers, sur la façon de faire face à certains de ces défis.
À Noël, la tentation peut être grande de trop manger, de boire de l’alcool et de passer beaucoup de temps à regarder la télévision. Bien souvent, nous ressentons aussi le besoin de consommer davantage que ce que l’on voudrait afin que nos cadeaux témoignent de notre amour et de notre attention pour nos amis et notre famille. Comment pouvons-nous modérer notre consommation à Noël ?
Soeur Jina
Je voudrais commencer par une question : « Comment consommons-nous le reste de l’année ? ». Noël est un moment familial, c’est le moment où toute la famille se réunit ; et que fait une famille quand elle se réunit ? Manger ! Avec Noël, nous avons une nourriture particulière et nous mangeons beaucoup, mais il est bon d’être conscient de notre consommation tout au long de l’année, qu’il s’agisse de ce que nous mangeons, buvons, regardons à la télévision, ou des cadeaux. Donc, pour savoir comment modérer sa consommation à Noël, je dirais qu’il faut considérer notre consommation sur l’ensemble de l’année. Considérons Noël dans le contexte de ce qui n’est pas la période de Noël. Quand on l’examine à la lumière du reste de l’année, on voit mieux ce que l’on fait. Peut-être que cela nous aide à sentir, à ressentir ou à prendre conscience plus tôt de nos comportements, « OK, maintenant j’entre dans la surconsommation ».
Qu’il s’agisse de boire, manger ou regarder la télévision, nous consommons souvent pour étouffer un ressenti. Il est donc bon d’être conscients de ce que nous ressentons au moment de Noël. Y a-t-il quelque chose que nous essayons de noyer ? Y a-t-il quelque chose que nous préférerions ne pas sentir, ne pas voir ? Il serait donc bon, avant Noël, d’observer et se dire : « D’accord, y a-t-il quelque chose que je ne regarde pas ? Pourquoi est-ce que je ne regarde pas ce qu’il y a en moi ? Qu’est-ce que je fuis ? Qu’est-ce que je ne veux pas affronter ?»
Je constate que j’aime lire et je m’immerge dans les livres ou j’aime me promener, donc je me noie dans les promenades. Il est très sain de se promener et les livres sont très intéressants, mais y a-t-il quelque chose que je fuis ? Et de quoi s’agit-il ? Si c’est l’anxiété, j’essaie d’être avec l’anxiété. J’aime sentir dans mon corps comment elle s’exprime et respirer avec la sensation physique. C’est beaucoup plus facile que de l’observer dans l’esprit, car l’esprit est immédiatement pris dans l’histoire et je ne veux me laisser prendre dans l’histoire. Dans mon expérience, le fait de rester présente à la sensation physique entraîne parfois un ‘Ah’ soudain. Plus tard, j’y reviens pour voir, « OK, bien, qu’ai vu ? Qu’est-ce que c’était ? » Et puis je regarde à nouveau un peu plus en profondeur.
[Interviewer: Merci Soeur Jina ; pensez-vous que nous devrions nous autoriser à nous gâter un peu à Noël ?]
Oui, je suis totalement d’accord ! Nous devons faire la fête. Nous pouvons prendre un petit chocolat, ou peut-être trois ! Lorsque nous ne nous sentons pas très bien parce que nous avons trop mangé à Noël, nous pouvons nous parler à nous-mêmes : « Oui, j’ai trop mangé mais j’en ai profité, alors je dois bien en assumer les conséquences » Ensuite, nous pouvons faire quelque chose pour calmer et amener notre corps à l’apaisement.
Pourquoi ne pas être pleinement conscient de la tentation de vouloir un autre morceau de gâteau ou un autre morceau de pudding de Noël, et en profiter vraiment en le mangeant. Ensuite, je ne me mettrai pas en colère ou de mauvaise humeur parce que mon foie n’est pas au mieux de sa forme, mais je me dirai : « OK, c’est la conséquence du plaisir que j’ai eu auparavant. »
L’expérience que j’ai vécue en prenant un morceau supplémentaire de pudding de Noël (parce que j’aime vraiment) m’a amenée à savourer chaque bouchée. J’ai observé que j’aime tellement que j’ai tendance à manger vite. Le premier morceau est passé si vite que je veux en profiter davantage, alors j’en prends un autre, et peut-être encore un autre. Mais si je savoure vraiment chaque bouchée, chaque petit bout, si je savoure, alors je m’aperçois que je peux me satisfaire de deux morceaux au lieu de trois et que je pourrai en avoir un autre le lendemain. Alors j’étale un peu mes morceaux dans le temps, je les savoure plus longtemps, et les séquelles sont moins désastreuses. C’est une véritable pratique, mais se faire plaisir de temps en temps, ça va, c’est ainsi.
Dans notre communauté, nous ne buvons pas d’alcool, mais dans d’autres situations, on considère que cela fait partie de la socialisation. Dans mes jeunes années, j’ai bu du vin et d’autres choses à Noël. Puis, plus tard à la maison, quand j’ai dit que je ne buvais plus d’alcool, ma mère m’achetait du jus de raisin rouge et du jus de raisin blanc, ça ressemble à du vin mais c’est sans alcool. Cela a été accepté assez facilement. J’ai trouvé cela très agréable ; je ressentais ce qui se passait et j’étais heureuse. Je sentais que, dans une certaine mesure, je pouvais aussi être enjouée avec le jus, mais mon bonheur et ma gaieté ne dépendaient pas de l’alcool. Il existe donc des alternatives et si nous pouvons remplacer l’alcool en couple ou en famille, c’est d’un grand soutien.
Si nous évitons l’alcool alors que d’autres membres de la famille en consomment, il est très important d’être conscient de la façon dont nous regardons les autres. Même si quelqu’un a trop bu, nous devons surveiller notre esprit, car l’esprit de jugement n’est pas très bénéfique, tant pour nous-mêmes que pour les autres. Nous devrions regarder avec un esprit de compassion et nous rappeler « OK, quelqu’un a un peu trop bu, il m’est peut-être déjà arrivé aussi de trop boire » ou bien, si ce n’est pas le cas : « J’ai fait d’autres choses. Je ne suis pas parfait ». Au plus je peux accepte ma propre imperfection et rester avec mes propres faiblesses en les embrassant vraiment, au plus je pourrai m’ouvrir à une autre personne et réduire mes jugements. Le jugement n’est bon ni pour notre cœur, ni pour notre esprit, et certainement pas bénéfique à nos relations. Et à l’approche de Noël, nous aspirons vraiment à avoir de bonnes relations.
Nous pouvons être modérés mais, comme je l’ai dit, nous n’avons pas besoin d’être trop stricts envers nous-mêmes, car la sévérité va nous nuire, bien plus que la modération.
Soeur Eleni
Le moyen le plus simple de modérer notre consommation à Noël est de faire appel à l’énergie de la pleine conscience. Lorsque je mange ou bois, je me dis : « En ce moment, je mange..ceci.. et, en ce moment, je bois … cela… en pleine conscience ». Il est bon de déjà pratiquer de cette façon avant la période de Noël, même quelques jours avant l’événement et la fête en famille et/ou entre amis, car nous aurons alors pu établir notre détermination et notre volonté de manger et boire avec modération.
À ceux qui veulent nous resservir de nourriture, ou remplir davantage notre verre, nous pouvons sourire et ‘arroser leurs fleurs’, en les remerciant et en soulignant notre appréciation, puis refuser poliment de manger ou boire davantage. « Quel beau et délicieux gâteau, merci, mais je m’arrêterai là »oubien« J’en profiterai davantage plus tard ». Quelque chose comme ça.
Si vous êtes conscient d’avoir succombé à un environnement de surconsommation, à cette énergie qui nous pousse à trop consommer, ne vous sentez pas coupable. Trouvez simplement un moyen de vous extraire temporairement de ce champ d’énergie. Vous pouvez dire : « J’ai besoin d’une bouffée d’air frais. Ça tente quelqu’un de se promener quelques minutes avec moi dehors ? » Vous pouvez aussi aller jouer avec les enfants dans une autre pièce de la maison, ou bien aller promener le chien.
Le 5ème entraînement à la pleine conscience nous aide à comprendre que les racines de la surconsommation peuvent se trouver dans notre désir d’échapper aux sentiments de solitude, de tristesse, d’anxiété et de peur. Nous nous entraînerons donc à reconnaître et à embrasser toutes les émotions qui surgissent à ce moment-là, avec notre tendresse et notre acceptation, et à trouver des moyens sains de créer bonheur et paix.
Soeur Thuận Nghiêm
La pleine conscience est la clé de la consommation durant les fêtes de Noël. Nous devons nous asseoir et contempler la façon dont nous passons Noël avec nos proches. Cuisinez en quantité limitée pour ne pas manger en excès, achetez peu d’alcool pour ne pas trop boire. Choisissez quelques bons films ou émissions de télévision à regarder et évitez de rester scotchés à l’écran tard le soir. Faites du sport ou de l’exercice avec quelques personnes de votre famille. Faites une longue promenade dans la nature au lieu de surfer sur votre téléphone. Divorcez de votre téléphone pendant un certain temps afin de pouvoir passer des moments de qualité avec les personnes que vous aimez ou avec lesquelles vous vivez.
En termes de cadeaux, vous pouvez observer les choses que vos proches préfèrent réaliser ou accomplir, puis les encourager à poursuivre leur rêve. Pour ceux qui aiment apprendre, vous pouvez leur offrir leur inscription à des cours ou des formations. À ceux qui aiment écrire, faites-leur connaître des histoires ou sujets intéressants. Ce type de cadeaux a plus de valeur que les cadeaux matériels. Vos proches seront très heureux de voir votre amour et vos encouragements.
Participer à la conversation