Vous trouverez dans cet article un petit aperçu de la retraite organisée pour les jeunes personnes en août dernier.
Si nous savons comment souffrir, nous n’avons plus besoin de consommer comme nous le faisons.
Soeur Hien Nghiêm
Plus de 600 jeunes âgés de 18 à 35 ans, représentant plus de 30 régions, se sont réunis lors de la retraite “L’amour en action” au monastère du Village des Pruniers, en France. Ils sont venus pour s’arrêter, respirer, se reposer, apprendre à être à l’aise avec des émotions fortes, écouter des préoccupations communes et cultiver une “communauté de résistance”.
Plus de 200 d’entre eux se sont engagés à pratiquer les cinq entraînements à la pleine conscience – une boussole pour naviguer dans une époque qui est à la fois immensément incertaine et pleine de potentiels. Comme l’avait préconisé Thay, “il est possible de reprendre notre souveraineté sur les systèmes de notre création”.
(Photos avec l’aimable autorisation de Leon Kirschgens et des photographes du monastère de Plum Village)
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Un partage d’un volontaire lors de la retraite
Equanimité généreuse du cœur (Eva Dallarés)
Animatrice de la sangha Wake Up à Barcelone et de Wake Up Espagne
Je descends du train à St Foy le Grande. Il ne fait pas très chaud pour un 4 août. Venant d’Espagne, c’est comme un cadeau de l’univers. Le taxi est déjà là et le chauffeur m’accueille avec un fort accent français. Nous roulons à une vitesse qui me semble être celle de la lumière. J’apprécie vraiment la beauté du paysage. Mon cœur reconnaît les longues routes et les maisons de campagne que nous laissons derrière nous. Enfin, mon cœur bondit d’excitation dans ma poitrine : c’est là ! Le petit portail noir du Hameau Nouveau. J’entre et tout est exactement comme dans mon souvenir. La fontaine, l’herbe verte, la balançoire… Une fille qui doit être une autre volontaire vient vers moi dès que je passe la porte. Souriante, elle me demande si je sais quoi faire et où aller.
Soudain, je me souviens de la gentillesse des gens à mon égard la dernière fois que je suis venue ici. Je me sens très reconnaissante.
Après avoir à moitié monté ma tente, je décide d’aller me promener. Les fleurs dont les religieuses s’occupent avec tant de soin à New Hamlet sont magnifiques. Quand je les regarde, elles me sourient amicalement, comme si nous étions de vieux amis et que le temps n’avait pas passé. Lorsque j’arrive sur le terrain rempli de pruniers, les branches bougent d’un côté à l’autre comme pour me saluer. Je suis sûre d’entendre mon nom dans le vent. Je ressens soudain une grande paix. Mon esprit s’apaise. Toutes les tensions se fondent dans la terre. J’ai l’impression d’être de retour chez moi, au sens le plus profond du terme. Je souris aux nuages dans le ciel, prêt pour l’aventure.
Les jours passent et mon niveau de joie et le nombre de fois par jour où je ris de bon cœur augmentent progressivement. Faire partie des 20 bénévoles présents pour la retraite Wake Up présente de nombreux avantages. Vous pouvez apprendre à mieux connaître les moniales, profiter du hameau presque vide et de ses environs, manger de la bonne nourriture et, ce que j’apprécie le plus, nouer des liens avec le reste des volontaires d’une manière très spéciale. Nous vivons des moments très drôles en préparant les lits, en coupant les légumes, en travaillant dans le jardin, en nettoyant les maisons et en pliant des montagnes de draps et de couvertures. Nous avons également beaucoup de temps pour partager nos histoires personnelles et nous promener.
Le jour où la retraite commence, c’est comme une explosion de vie. Des jeunes du monde entier commencent à se présenter à la porte avec des sourires timides et des bagages colorés. Certains semblent amusés et désorientés dans ce nouvel endroit. Chez d’autres, je reconnais l’excitation d’être de retour. À l’heure du dîner, presque tout le monde est là. Cela me remplit le cœur de joie de voir tant de jeunes femmes et d’hommes manger en silence, discuter ou jouer de la musique ensemble. Cela me rappelle ma première fois au Village des Pruniers. J’ai eu l’impression que c’était magique. À ce moment-là, j’espère vraiment qu’ils apprécieront autant que moi.
La retraite démarre avec beaucoup d’énergie et d’engagement de la part de tout le monde. Il m’a toujours été difficile de me lever à 5 heures du matin, mais ici, je me couche avec l’envie de me réveiller le lendemain matin et de profiter de toutes les activités. Exercices matinaux, méditation guidée, enseignements du Dharma, marche en pleine conscience, chants bénéfiques au bien-être, nourriture délicieuse dégustée en petits groupes, partage du cœur… Les jours passent et le sentiment partagé est le même : à quel point il est précieux de vivre quelque chose comme cela. L’énergie collective est stupéfiante et très puissante. Cela me touche profondément d’écouter aussi bien les retraitants que les moines, les moniales et les bénévoles partager leur souffrance avec tant de vulnérabilité. Je peux vraiment voir à quel point nous sommes semblables dans notre expérience de l’être humain. C’est une véritable guérison que de se réunir ainsi et de partager nos peurs les plus profondes, nos chagrins, nos aspirations et aussi nos joies. En tant que bénévole, mon rôle consistait à diriger une “famille” de retraitants pour désinfecter la vaisselle après chaque repas. Je suis stupéfaite de constater que tous les membres de mon groupe s’acquittent de cette tâche avec aisance et plaisir. Il y a beaucoup de bols et d’assiettes ! Mais ils sont là, à tout donner. Cela me fait sourire. Il est si facile ici parfois d’oublier tous ses problèmes.
Un après-midi, nous organisons la “journée des genres”, au cours de laquelle toutes les jeunes femmes se réunissent au Hameau du Bas, la communauté Arc en Ciel à Son Ha et tous les jeunes hommes au Hameau du Haut. Cette expérience m’a donné du pouvoir. Chanter et danser autour du feu comme une tribu primitive me ramène à mes ancêtres et nourrit ma sororité d’une manière que je n’avais jamais connue auparavant. Nous sommes si nombreuses !
Le jour du départ, la transformation de chacun.e d’entre nous est évidente. Les yeux brillent d’espoir et de joie et les visages de ceux.elles qui partent sont beaucoup plus détendus et souriants. Le taxi doit attendre 10 minutes de plus pour chaque personne qui part afin qu’elle puisse dire au revoir. C’est magnifique de voir combien de liens de cœur à cœur ont été établis pendant la retraite.
Un silence profond règne à nouveau au hameau nouveau, avec pour seuls témoins les moniales et les bénévoles. Nos cœurs se sont remplis à ras bord. Deux jours supplémentaires pour aider à nettoyer et à réorganiser tout pour la prochaine retraite. Le bonheur, les célébrations et les dernières nuits à regarder les étoiles ensemble. Il est temps de partir. Je me sens tellement bénie. Je n’arrive pas à croire que j’ai eu l’occasion de vivre une telle expérience. Les moines et les moniales nous ont comblés d’amour, d’attention, de joie et de profonde sagesse et je leur en suis éternellement reconnaissante.
Les fleurs me sourient tandis que je leur fais un signe d’adieu. Le vent murmure mon nom : “Au revoir ma chère amie, jusqu’à la prochaine fois.”
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