La vie monastique / Un ami sur le chemin

Sœur Chân Đào Nghiêm témoigne de sa pratique avec un ami précieux qui l’aide sur le chemin de la guérison, de la transformation et de la joie dans le moment présent.

Depuis de nombreuses années, j’ai un ami merveilleux à mes côtés. Nous nous rencontrons presque tous les matins, alors qu’il fait encore nuit. Nous partageons des larmes, des sourires, des rires à la lueur des bougies, une tasse de thé chaud à nos côtés. C’est une présence qui me guide, me soutient et m’aide à devenir plus claire et plus compréhensive, et à établir une relation plus profonde et plus authentique avec moi-même. Cet ami est mon journal.

Je m’assois tôt le matin et je laisse ma main écrire ce qui est là, sans y réfléchir, en écrivant les pensées qui traversent mon esprit. Au fil des ans, ce processus s’est avéré très bénéfique. C’est une expérience très personnelle qui peut prendre de nombreuses formes. J’ai également des photos de personnes que j’aime ou de membres de ma famille décédés qui se trouvent à l’intérieur du journal. Il y a des citations inspirantes qui me nourrissent, par exemple :

  • Puissè-je offrir mes soins et ma présence de manière inconditionnelle, sachant que je peux être accueillie avec gratitude, indifférence, colère ou peur.
  • Puissè-je voir mes limites avec compassion, comme je vois la souffrance des autres.
  • Notre pratique consiste à nous concentrer sur la liberté. Il nous suffit de pratiquer une méthode : mettre notre esprit à l’aise. Tout ce que nous faisons porte la marque de la tranquillité. Tout ce que vous entreprenez pour votre vie spirituelle doit porter la marque de la liberté et de l’aisance.
  • Notre lieu de refuge est notre capacité à ressentir la joie d’être en vie, notre capacité à accepter de vivre n’importe où et d’être heureuse. Le lieu de refuge le plus solide pour nous est notre propre personne. Nous nous réfugions dans le Bouddha qui est en nous. Cela signifie que nous nous réfugions dans notre propre stabilité, aisance, liberté, paix et joie.

J’écris sur les joies et les peines de ma journée, mes pensées et mes sentiments, les personnes qui m’inspirent, les livres que je lis, les personnes pour lesquelles je suis reconnaissante, les relations difficiles que je dois affronter, mes peurs, mes rêves et les choses que j’aime.

Parfois, cela prend la forme d’un dessin ou d’un poème. Voici un poème que j’ai écrit en novembre dernier :

Chant de la pluie
Chant de la Terre
Une tasse de thé
Il fait encore nuit
Dans mon cœur
La tristesse

Lorsque je rumine certaines pensées ou lorsque quelque chose me touche et me cause de l’inconfort, la tenue d’un journal me permet de sortir de ma tête, d’aider mon esprit à ne pas s’y attarder et à le ressasser encore et encore. Il m’aide à assimiler les joies et les peines que je vis, à tirer des leçons précieuses de mes expériences. En lisant ce que j’ai écrit, des mois ou des semaines plus tard, je peux voir le schéma habituel de mon esprit, pratiquer avec lui et ainsi mieux le comprendre. C’est également un excellent moyen d’évacuer des émotions lourdes telles que la colère, la frustration ou la tristesse. Le fait de formuler ces sentiments sur le papier me permet de ne pas les laisser perdurer dans mon esprit.

Je regarde régulièrement ce que j’ai écrit, que ce soit durant la dernière année ou il y a de nombreuses années. Cela me permet de mieux comprendre ma souffrance. Réfléchir à ce que j’ai écrit me donne un sentiment de clarté et de perspicacité. J’ai réalisé que c’était très puissant. Grâce à cette auto-réflexion, je peux réfléchir à mes pensées, mes désirs, mes intentions et mes actions, puis prendre les bonnes décisions en fonction de cette réflexion.

Par exemple, la relecture d’un texte que j’ai écrit au printemps dernier m’a remise en mémoire l’intuition que j’avais eue à l’époque et le pouvoir de la marche méditative en compagnie de la communauté. Je traversais une période difficile, habitée par un doute profond. Voici ce que j’ai partagé avec mon ami le lendemain matin :

“Hier, alors que je marchais avec la sangha, la question « Que fais-je ici ? », c’est-à-dire « Que fais-je dans cette communauté ? Pourquoi est-ce que je reste ici ? » J’ai laissé la question venir et elle s’est transformée en « Qu’est-ce que je fais ici ? ». Et la réponse : “Je marche, je marche, je marche“. Je marchais à mon rythme, plus lent que celui de la sangha, mais en même temps, je bénéficiais de l’énergie collective. “Les champs avec leurs herbes hautes, les fleurs bleues et jaunes, la brise légère qui les fait osciller.” La magnificence de la Terre Mère. Elle était complètement présente ! La douleur et les pas, la respiration. « Qu’est-ce que je fais là ? Respirer, respirer… marcher, marcher… Qu’est-ce que je fais ? Écouter, écouter… Le gazouillis des oiseaux, le bruit du vent… ‘Qu’est-ce que je fais ici ? Embrasser, embrasser… » Esprit calme, pleinement présent. Chaque pas. Qu’est-ce que je suis ? Vacuité. « Qui suis-je ? Vacuité… »

La tenue d’un journal m’est utile pour comprendre et surmonter mes émotions, en particulier lorsque je me sens anxieuse ou triste. Il me permet de grandir et de devenir plus consciente de moi-même. C’est un moyen puissant de faire un travail sur soi. Il m’a conduite à des prises de conscience et à des découvertes révélatrices et m’a aidée à gérer des émotions et des situations difficiles.

Il m’aide à me concentrer sur le moment présent. Être présente sans se soucier du passé ou de l’avenir est une sensation très apaisante et pacifiante qui détend mon esprit et mon corps. Cela me permet de ralentir, de respirer, de tourner la page et d’être honnête avec mes pensées et mes sentiments.

Grâce à la compassion et à la présence inconditionnelles de mon ami, je retourne naturellement aux nombreuses conditions de bonheur présentes dans le moment présent.

Sr. Dang Hanh, Sr. Dao Nghiem, Sr. Don Hanh, et Sr. Dieu Hanh

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What is Mindfulness

Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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