« Lâcher-prise », « Pleine Conscience » et « Impermanence » sont des concepts que prône le maître bouddhiste vietnamien Thich Nhat Hanh, fondateur du monastère du village des Pruniers, près de Bergerac. Retour sur une rencontre exceptionnelle avec ce grand sage.
Interview parue sur le site Kaizen (version courte) et dans le magazine (version intégrale), le 17 septembre 2014
Par Carole Testa.
À 88 ans, le vieux sage a traversé de rudes épreuves. Jeune moine pendant la guerre d’Indochine puis pendant celle du Vietnam, il est l’un des fondateurs du « bouddhisme engagé » à travers l’École de la jeunesse pour le service social, qui avait pour but de venir en aide aux habitants terrorisés par les bombes et les agressions. Il s’agissait pour Thich Nhat Hanh et ses compagnons de s’intégrer à la vie d’un village et de proposer un fonctionnement en autogestion collective. Ils n’hésitaient pas également à traverser un champ de bataille pour convaincre les belligérants d’accepter un cessez-le-feu. Malgré leur neutralité et leur engagement en faveur de la paix, beaucoup de moines ont été exécutés. En 1966, banni de son pays pour avoir demandé à des chefs d’État d’intervenir pour un règlement pacifiste du conflit, Thich Nhat Hanh trouve refuge en France et fonde le village des Pruniers en 1982. Le Hameau du Haut – l’un des trois « sites » principaux de ce monastère avec le Hameau du Bas et le Hameau Nouveau – est habité par des moines au visage rieur, et fréquenté par des familles venues du monde entier.
Selon vous, la conscience de l’impermanence nous permet d’aimer l’autre, de nous sentir interdépendants les uns des autres…
“C’est vrai.” [Il rit et se tait. Nous buvons un thé en silence.]
“Quand je bois le thé, je ne bois que le thé, et pas les idées, car le thé est une vérité merveilleuse, et moi aussi je suis une réalité merveilleuse. Je suis là, en contact avec le thé ; ces deux merveilles se rencontrent : la vie est là, l’amour aussi, la paix aussi. Si je sais comment boire mon thé, je suis vraiment présent et le thé devient réel, non plus un fantôme. Alors vous savez comment vous préserver, préserver le thé, préserver la planète. C’est l’amour, la pleine conscience, la liberté. Si vous êtes emporté par l’anxiété, la peur, la colère, vous n’êtes pas libre pour boire votre thé…”
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