Élargir le spectre de l’amour

En juin dernier, lors du mois des fiertés, Frère Bao Tang et les membres de la grande sangha de la Famille Arc-en-ciel ont partagé leurs réflexions à cœur ouvert quant à la manière de prendre soin de l’inclusivité au sein de la famille arc-en-ciel.

[La Famille Arc-en-ciel offre des espaces aux pratiquants qui s’identifient comme LGBTQIA+. LGBTQIA+ est un acronyme signifiant lesbienne, gay, bisexuel, transgenre, intersexe, queer/en questionnement, asexuel et de nombreux autres termes – tels que non binaire et pansexuel]

Construire une fratrie inclusive

Frère Troi Bao Tang (Il/Lui)
Monastère du Village des Pruniers, France

Tout au long de ma vie, j’ai pu être témoin des luttes et des souffrances des personnes et groupes LGBTQIA+. Alors que la discrimination et les préjugés contre la communauté LGBTQIA+ persistent depuis des siècles, il est inspirant de voir que, dans le même temps, l’acceptation et l’inclusion sont croissantes au sein de la société. Cependant, les blessures du passé sont encore profondes et l’oppression à laquelle sont confrontées de nombreuses personnes LGBTQIA+ ne peut facilement s’oublier. Ces personnes éprouvent souvent des sentiments d’isolement, de peur et de rejet en raison de leur véritable identité. Elles luttent pour être reconnues pour qui elles sont véritablement et afin d’être acceptées au sein de leurs cercles personnels, spirituels et professionnels.

Révision du 3ème Entraînement à la Pleine Conscience

Il est nécessaire que les mouvements visant à inclure l’existence de la communauté LGBTQIA+ soient cohérents dans tous les domaines : politique, science et spiritualité. La Sangha Arc-en-ciel du Village des Pruniers offre l’aspect spirituel aux pratiquants LGBTQIA +. Les monastères du Village des Pruniers s’efforcent de fournir un environnement sûr aux personnes LGBTQIA+ afin qu’elles puissent se rassembler, méditer, pratiquer et guérir ensemble. Nous offrons un espace où les gens peuvent venir tels qu’ils sont, sans rencontrer le rejet. Ensemble, nous pratiquons la pleine conscience, la compassion et la compréhension les un.e.s envers les autres, favorisant un sentiment de communauté et d’appartenance. Par notre pratique des 5 Entraînements à la Pleine Conscience, nous mettons aussi l’accent sur la pratique de l’éthique, qui nous amène sur l’autre rive.

Nous sommes profondément reconnaissants que l’identité de genre et d’orientation soit incluse en tant qu’objets de notre pleine conscience. Tout ce qui est illuminé de la lumière de la pleine conscience s’épanouira, tels des boutons de fleurs recevant des particules de lumière solaire. Face au constat que l’oppression et l’injustice envers les personnes LGBTQIA+  sont encore très importantes en région Asie-Pacifique, j’espère personnellement que le Conseil des Enseignants du Dharma du Village des Pruniers de cette région pourra également, en lien avec les sanghas locales, trouver un moyen habile de bientôt procéder à la mise à jour du 3ème Entraînement à la Pleine Conscience.

La Sangha multiple

Je reconnais bien sûr que notre travail au Village des Pruniers est loin d’être terminé. Il y a encore des injustices et des malaises auxquels sont confrontées les personnes LGBTQIA+ qui pratiquent avec nous, mais notre sangha continue d’oeuvrer au changement. Hélas, nos frères et sœurs d’expérience transgenre, qui sont non-binaires ou de genre non conforme ne peuvent actuellement pas être ordonnés en tant que monastiques car l’ordre monastique bouddhiste est toujours considéré comme constitué de deux ordres : la communauté des Bhikshu pour les hommes cisgenres et la communauté des Bhikshuni pour les femmes cisgenres. Je souhaite sincèrement que l’ordre monastique bouddhiste puisse s’étendre au-delà de ces deux catégories. Nous devons apprendre que l’ordre des femmes (bhikshuni) a été formé par le pouvoir des femmes à l’époque du Bouddha (Maha Prajapati et un nombre important de sa communauté de femmes). Sur les traces de Siddharta, de Thich Nhat Hanh Chapitre 45: Ouvrir la porte.  Mahapajapati et ses amies démontrent leur résolution et leur capacité à mener une vie errante. Huit règles préalables à l’ordination des femmes sont établies.   Ud. 111, 2; Vin. Cv. Kh. 10; A. VII, 51-53; Tchong 116 (T. 26); Tchong 130 (T. 26); Sseu Fen Liu (T. 1428); Wou Fen Liu (T. 1421). Le récit détaillé des efforts de Mahapajapati et des femmes l’accompagnant pour être acceptées dans la Sangha se trouve dans Vin. Cv. Kh. 10; T. 1428 and T. 1421.Ce n’est pas l’ordre Bhikshu qui a initié la formation de l’ordre Bhikshuni. J’imagine que nos prochains ordres ne seront formés ni par l’ordre Bhikshu ni par l’ordre Bhikshuni. 

Entre-temps, j’ai pu être témoin des nombreux efforts déployés par le Conseil Bhikshu et Bhikshuni du Village des Pruniers en vue d’améliorer l’inclusivité des retraitants LGBTQIA+. De nombreuses heures ont été consacrées à cette cause, à travers des échanges, de multiples conversations, un réel investissement de notre énergie émotionnelle et l’écoute compatissante. Chaque monastère a fait de son mieux. J’ai constaté que certains de nos centres commencent à accueillir des retraites qui incluant des personnes au-delà du binôme de genre traditionnel ; c’est le cas au monastère du Village des Pruniers en France, au monastère de Magnolia Grove dans le Mississippi et au monastère de Deer Park en Californie. Nous nous efforçons de sensibiliser, d’éduquer les un.e.s les autres et de promouvoir l’acceptation de toutes et tous. Au sein de notre sangha, nous valorisons la diversité et l’inclusivité. Nous reconnaissons que le parcours de chaque individu est unique et offrons un soutien à tous ceux qui le recherchent, non seulement en ce qui concerne l’identité et l’orientation de genre, mais aussi l’ethnicité, la culture, la langue, etc.

Le temps peut guérir

Dans la tradition du Village des Pruniers, la fraternité, la sororité et l’adelphité constituent la base de notre compréhension et de notre amour. En tant que moine queer, je n’ai pas fait l’objet de discrimination de la part des autres moines ou moniales, du moins pas à ma connaissance. Je ressens le même amour que j’ai reçu lors de mon ordination comme moine novice. Nous avons en effet le sens de la fraternité et de la sororité, et nos préceptes monastiques jouent également un rôle crucial dans le maintien de notre liberté et le respect des limites de chacun. Il a été vital pour moi, durant mon parcours, d’être une personne heureuse au sein de la communauté. Je n’ai pas besoin d’une acceptation absolue de la part des autres, et s’il y a des personnes dans la communauté qui ne peuvent pas m’accepter, je ne peux que leur offrir la liberté et l’espace d’être, en reconnaissant qu’elles ont peut-être simplement besoin de temps. 

Au-delà des humains, des animaux, des Plantes et de la Terre

En tant que moine queer de la sangha arc-en-ciel du Village des Pruniers, mon objectif est de contribuer à un monde où chaque personne  puisse être reconnue comme précieuse et digne de respect et d’amour, quelle que soit son identité de genre et son orientation sexuelle. Lors de différents échanges au printemps 2023, plusieurs personnes m’ont posé cette question : « Les personnes LGBTQIA+ peuvent-elles être incluses dans le bouddhisme ? Ma réponse a toujours été : « Les enseignements du Bouddha concernent la transformation et la guérison de la souffrance. Tous les êtres humains méritent de reconnaître, de prendre soin et de transformer leur souffrance, et de jouir du bonheur et de la liberté dans la vie, quelle que soit leur identité. Si nous embrassons les humains, les animaux, les plantes et la Terre, pourquoi remettrions-nous en question l’inclusivité des personnes LGBTQIA+ ? » 

En conclusion, je crois fermement qu’il est à la portée de tout.e humain.e de créer un monde qui embrasse la diversité. Nous pouvons y parvenir en acceptant et en célébrant le caractère unique de chaque individu et en offrant des espaces sûrs pour que les personnes puissent être elles-mêmes et trouver du soutien. Grâce à nos différentes Sanghas Arc-en-ciel, nous oeuvrons à la création d’un monde plus compatissant et conscient, où la souffrance des personnes LGBTQIA+ peut être transformée en guérison et en joie. Pour ce faire, nous n’avons pas besoin d’être identifiés comme militants LGBTQIA+ ; chacun.e peut contribuer à cette cause.

Ci-dessous, le partage de nos sœurs, frères et adelphes de différentes Sanghas Arc-en-ciel qui sont heureux de témoigner de leurs expériences avec vous. Joyeux mois des fiertés 2023 à toutes et tous !


Extension des mains de l’amitié

Mick (il/lui)
Véritable Terre Pure, Membre de l’Ordre de l’Inter-être
Sangha Arc-en-ciel – Irlande
Responsable de la Happy Farm (la Ferme joyeuse) au Hameau du Haut – Village des Pruniers

Juin est de retour, et nous avons à nouveau l’occasion de célébrer le mois des fiertés au sein du Village des Pruniers. Je suis un laïc, queer, cis genre masculin, qui vit, travaille et pratique en France, au Hameau du Haut du Village des Pruniers. Je vis ici depuis 2015. Il est vraiment important pour moi de m’arrêter et de prendre un moment pour réfléchir à la croissance de notre Famille Arc-en-ciel, dans le contexte de notre communauté mondiale du Village des Pruniers.  

Au cours de mes différentes années de vie au Village des Pruniers, j’ai été témoin de l’épanouissement et de la croissance de notre famille arc-en-ciel. J’ai vu les mains de l’amitié et de l’alliance se tendre encore et encore depuis le coeur de notre Sangha mondiale. Tout comme dans le reste du monde, nous avons encore beaucoup à faire pour que tous nos frères et sœurs queer puissent se sentir en sécurité, aimés et compris. En tant qu’homme cis queer, vivant en Europe, je sais que le travail de libération pour ceux qui s’identifient comme moi est presque accompli. Mais nous n’allons pas « tirer l’échelle derrière nous ». Nous resterons avec toute notre fratrie queer jusqu’à ce que chacun.e d’entre nous puisse atteindre l’autre rive en toute sécurité. Ce mois-ci, je fais le choix de m’exprimer et me tenir plus spécifiquement aux côtés de toute ma fratrie trans et des personnes qui ne s’identifient pas par un genre spécifique. 

Je voudrais célébrer certaines marques d’amour, de compréhension et de respect qui se sont manifestées ces dernières années envers notre chère famille arc-en-ciel. Je salue la mise à jour de nos 5 et 14 entraînements à la pleine conscience. Je célèbre également les récentes options d’accueil et sanitaires non-genrés au sein de nos centres de pratique. Je fête le fait que notre prochaine retraite Wake Up au Village des Pruniers en France accueillera un nombre record de jeunes adultes queer, marquant ainsi l’engagement de notre communauté à offrir un espace sûr et accueillant pour une nourriture spirituelle ouverte à tous.

Il y a tellement de choses à célébrer. Pourtant, nous avons encore toute une vie de travail à mener ensemble. En tant qu’ami laïc vivant ici, je souhaite vivre en harmonie et dans un respect, un amour et une compréhension profonds et réciproques avec notre communauté monastique. En parallèle, je ressens également une responsabilité personnelle à défendre et représenter notre famille arc-en-ciel aux moments et lieux appropriés, ici sur le sol de la maison. Je ressens cela comme un privilège et un honneur.


Bâtir ensemble une communauté queer

Étreinte inclusive du cœur – Tâm Dung Xả (Elle)
Rainbow Sangha – Royaume-Uni 

Je viens d’un milieu catholique et j’avais des préjugés négatifs sur la ‘spiritualité’. Mais lorsque j’ai visité le Village des Pruniers en 2004, j’ai changé d’avis – au point qu’en 2018-2019, je suis devenu un résident à long terme du Village des Pruniers en y vivant une année. Personnellement, même si je n’ai jamais perçu de conflit entre ma pratique et mon homosexualité, je les ai gardés séparés, formulant des hypothèses sur l’acceptation réciproque. Ensuite, j’ai découvert que de nombreuses autres personnes du Village des Pruniers s’identifiaient non seulement comme queer, mais étaient également prêtes à le manifester et en être fières. Je sais que de nombreux amis laïcs ont beaucoup oeuvré en amont, et j’en suis reconnaissante. Et c’est ainsi qu’un groupe d’intérêt sur la sexualité a émergé. Les monastiques ont offert un espace de rencontre aux personnes queer, pour élever la conscience et la visibilité. Au début, ne participaient que des personnes laîques ; ensuite, les monastiques ont également commencé à venir à nos partages du Dharma.

Le processus a été progressif ; il y a eu quelques pierres d’achoppement typiques d’un lieu aussi multiculturel que celui du Village des Pruniers, notamment les différents niveaux de connaissance et de sensibilisation et des perceptions erronées. Mais nous avons continué : je n’oublierai jamais les larmes de joie d’un membre de ma famille de partage du Dharma qui exprimait avoir réalisé son droit à être à la fois queer et pratiquant. La communauté arc-en-ciel queer a pu se déployer grâce à un effort combiné de laïcs et de monastiques. Je pense personnellement que nous ne sommes pas encore vraiment arrivés ; il reste encore du travail à faire en termes de sensibilisation, de visibilité et, surtout de genre, mais je fais confiance à la ‘sangha multiple’ pour progresser dans l’esprit d’ouverture et de bienveillance de Thây. En 2020, les confinements dûs à la Covid ont déclenché un certain nombre d’initiatives de sanghas queer en ligne : j’ai proposé de contribuer à la Sangha arc-en-ciel du Royaume Uni et c’est avec joie que je le fais depuis trois ans maintenant.


Garder vivantes nos aspirations malgré un environnement difficile

R. Dimas (Il/Lui)
Véritable Forêt de la Communication
Membre de l’Ordre de l’Inter-être
Sangha arc-en-ciel Indonésie

C’est un vrai défi de vivre en tant que personne queer au sein d’une société qui n’a pas pleinement déployé l’égalité pour les LGBTQIA+. Je ressens non seulement une aliénation de la société, mais je me sens aussi déconnecté de moi-même. J’ai eu beaucoup de mal à pleinement m’accueillir. Il y a eu des moments où je détestais être moi-même. Grâce à la pleine conscience, j’ai pu me connecter lentement avec moi-même et j’ai pu m’embrasser, m’accepter pour qui je suis vraiment et identifier mes aspirations.

Recevoir les 14 entraînements à la pleine conscience m’a apporté la nourriture nécessaire pour comprendre la meilleure façon de mener une vie en tant que personne queer, y compris les problèmes de bien-être. Même si l’acceptation est encore très difficile en Indonésie, la pleine conscience et la pratique avec la communauté me permettent de développer une meilleure façon d’apprécier la vie ; comment aimer, comment maintenir l’énergie sexuelle et comment transformer les blessures de discrimination qui résident en moi. La pleine conscience me donne le courage de bâtir la Sangha Arc-en-ciel en Indonésie et d’aider de nombreux amis homosexuels à pratiquer l’acceptation de leur identité face à la peur et à la discrimination.


Au-delà de la dualité

Jula (Iel)
Confiance profonde du coeur 
Allemagne – 
Sangha arc-en-ciel internationale

Si je me base sur les partages au sein de notre sangha queer et sur ma propre expérience, il me semble que l’objet de la pleine conscience et de la vision profonde des pratiquants queer se concentre souvent sur les perceptions du sexe et du genre. 

La Théorie Queer* déclare que notre genre et nos identités sexuelles ne sont en réalité que quelque chose que nous créons et exécutons à chaque instant, à travers nos actions, nos paroles et nos pensées ; nous créons du genre. Ces actions se répètent dans les sociétés jusqu’à ce que certaines visions normatives sur le genre mûrissent, elles-mêmes souvent aussi liées aux structures de pouvoir. La théorie queer se concentre sur la destruction des notions binaires (comme par exemple masculin / féminin), avec l’aspiration à remettre en question les normes fixes et à tourner la discrimination dualiste vers l’inclusivité et la diversité. 

Cela fait très longtemps que les traditions bouddhistes enseignent la non-dualité ainsi que l’idée qu’il n’y a pas de soi permanent indépendant de l’environnement. Nous pourrions agir sur les identités de genre dans la dimension historique et être attachés à des points de vue sur ce qui est normal (et il s’agit souvent d’un point de vue hétéro-normatif), mais dans une dimension ultime, les hommes et les femmes inter-sont, sont fluides et vides d’un moi séparé. 

Je crois que notre pratique nous invite également à abandonner les caractéristiques du soi et du corps auxquelles nous nous sommes accrochés si étroitement et à nous coder dans une définition conventionnelle et binaire du genre. Des réflexions profondes sur ce sujet sont une fleur que la sangha queer peut apporter à la plus grande sangha. Il y a beaucoup de liberté et de beauté dans les espaces intermédiaires.


Faciliter les sanghas queer 

Sébastien (Il/Lui)
Sangha Queer de Paris

Tout d’abord, je tiens à exprimer ma gratitude envers les autres facilitateurs de la Sangha Queer de Paris, tels que Laurent et Emmanuel. Bien que connaissant la tradition du Village des Pruniers depuis de nombreuses années, je me considère toujours comme un débutant. J’ai commencé mon voyage avec la Sangha Wake Up en 2020 et j’ai ensuite rejoint la Sangha Queer. Étonnamment, on m’a confié assez rapidement un rôle de facilitateur. 

Faciliter les sessions de notre chère Sangha Queer a été une expérience incroyable et enrichissante, et elle continue à l’être. Même lors de nos sessions en ligne, l’ambiance reste très particulière, et les nouveaux arrivants sont toujours chaleureusement accueillis. Chaque fois que je facilite, je m’efforce d’être créatif et de me baser sur le livre ‘Un lotus s’épanouit’, comme ressource directrice pour les différents thèmes que les participants aiment généralement explorer. Le partage du Dharma est lui aussi une pratique puissante au sein de notre sangha. Quel que soit le sujet abordé, il y a toujours beaucoup de bienveillance présente, et je peux toujours ressentir une énergie nourrissante. Personnellement, je trouve que les séances en personne sont rafraîchissantes car nous partageons souvent le thé ou dînons ensemble. Et depuis peu, nous organisons des marches méditatives dans Paris et ses environs. J’ai confiance que notre chère sangha à Paris continuera à prospérer pendant de nombreuses années à venir.


Soutenir ceux qui ont une expérience transgenre / Le point de vue d’un parent

LoAn Nguyễn – Membre Inter-Être
Chân Quỳnh Uyển – Véritable jardin de compassion
Pronoms : Cô, Elle
Sangha QT Viet & Alliés Viet
Sangha Chrysanthème

Je m’appelle LoAn Nguyen et j’utilise les pronoms cô/elle. Cette déclaration a elle seule me rapproche des amis de la communauté LGBTQIA + où ma fille, queer d’expérience transgenre, trouve le plus d’appartenance et d’acceptation. Les pronoms que mon enfant utilise sont elle/ils. La tradition de la pleine conscience du Village des Pruniers m’a soutenue dans ce que je suis aujourd’hui. Ce voyage de compréhension et d’amour a été grandement soutenu par l’enseignement de Thây qui invite à revenir à soi pour la solidité et la fraîcheur, pour le calme et le bien-être, et pour être conscient de la réalité du ‘moment présent, moment merveilleux’. Actuellement, il existe des Sanghas qui offrent la possibilité aux alliés LGBTQIA + de pratiquer avec les membres de la communauté. Après avoir cofondé la Sangha chrysanthème, j’ai ensuite cofondé QT Viet & Viet Allies Sangha pour offrir des espaces de pratique à nos amis.

Alors que la vie continue à être un acte de jonglerie pour naviguer parmi les défis quotidiens, ils incluent la reconnaissance des moments de joie. Je suis reconnaissante d’avoir ce chemin pour nous aider mon enfant et moi à trouver notre radeau. Par sa façon d’être consciente et intentionnée, ma fille a en réalité été mon professeur, alors que je n’ai commencé cette pratique de pleine conscience qu’en 2011. Ensemble, nous sommes allées aux monastères de Deer Park et Blue Cliff, et j’aspire à voir mon enfant assister à une retraite du Village des Pruniers. Je terminerai avec cette citation de Thây qui sera le phare de ma 6ème décennie, “Notre propre vie doit être notre message.” 


Joie et douleur ne font qu’une

Linds R (Iel)
Ailes intérieures du coeur
Sangha Chrysanthème

J’ai eu la chance de pouvoir pratiquer avec la sangha du monastère de Deer Park au cours de la retraite de 90 jours à l’automne 2022 et de pouvoir rester en tant que pratiquant à long terme au printemps 2023. Ce séjour de six mois au monastère m’a permis de toucher des moments de paix profonde dans l’énergie collective de la pleine conscience et avec le soutien affectueux des communautés monastiques et laïques. Pratiquer la vie en communauté était une expérience belle et vulnérable, où j’ai permis aux gens de me voir et de me connaître en tant que personne transgenre vivant dans un centre de pratique binaire. J’ai connu des moments où mes compagnons de pratique se trompaient sur mon genre ou faisaient des suppositions sur mon identité de genre, des personnes qui tentaient de me diriger avec amour vers certaines toilettes ou qui m’invitaient à m’asseoir d’un côté de la salle de méditation. Ces moments étaient parfois douloureux, et ils m’offraient l’occasion de me pencher sur l’auto-compassion et la compassion pour les autres. J’ai réalisé que je ne pouvais pas contrôler la perception que les autres avaient de moi ou leur comportement envers moi. J’ai compris que je pouvais m’accueillir et m’aimer, que je pouvais me voir pour qui je suis. Cet espace où je m’adoucissais à l’intérieur m’a permis alors de sentir que j’avais la force de me montrer comme je suis au sein de la communauté.

Au monastère, j’ai aussi profondément apprécié les amis monastiques et laïcs qui m’ont soutenu, ainsi que d’autres personnes de genres divers. J’ai rencontré de nombreux amis qui ont partagé leurs propres histoires et qui ont écouté attentivement pour comprendre des expériences différentes des leurs. Il y avait aussi des amis qui pratiquaient un langage inclusif, comme l’utilisation du terme ‘frères et sœurs’ et ‘Sangha multiple’. Ces moments furent pour moi comme des temps de grâce et de croissance. Pour moi, le genre et la sexualité ont été une porte du Dharma. Et comme d’autres expériences et identités humaines, j’éprouve beaucoup de reconnaissance pour la manière dont elles offrent des moments d’éveil, individuellement et collectivement.


À propos du mariage gay 

Rogelio (Il / lui) – Membre Inter-Être 
Véritable océan de fraîcheur
Sangha Arc-en-ciel de Mexico

Les couples, quelle que soit leur orientation sexuelle, partagent amour et affection, et beaucoup d’entre nous cherchent à établir une relation engagée et à long terme. Le mariage constitue une formalisation et une célébration de cet amour et engagement. En plus d’offrir une protection juridique et des avantages, il répond également à un désir de reconnaissance sociale et familiale, nous accordant un sentiment d’appartenance, d’acceptation, de légitimité au sein de la société et de nos propres familles. 

Au Mexique, mon pays d’origine, la légalisation du mariage homosexuel a marqué une étape importante dans la concrétisation de l’égalité des droits pour les personnes LGBTQIA+, même si cela reste contraire aux enseignements de la religion catholique dominante. 

Pour moi, il est essentiel d’avoir une pratique spirituelle qui embrasse tous les aspects de mon humanité, te que je suis. Tout au long de mon parcours bouddhiste, j’ai découvert qu’il y avait de la place pour mon partenaire et moi, car le véritable amour transcende l’orientation sexuelle. Il repose au contraire sur la culture de qualités telles que l’amour bienveillant, la compassion, la joie et l’inclusivité, qui sont connues comme les quatre états d’esprit incommensurables, soulignés dans le troisième entraînement à la pleine conscience. Chaque fois que ces qualités sont présentes, l’amour prospère.

Lors de notre mariage, nos familles et nos amis ont joué un rôle significatif dans la cérémonie bouddhiste que nous avons organisée, en s’engageant à nous soutenir, à s’occuper de nous et à nous entourer de soins. La beauté de cette cérémonie réside dans son inclusivité, s’étendant au-delà des couples queer, pour inclure tout partenariat cherchant à cultiver la pleine conscience dans leur relation et à recevoir le soutien de leurs proches. Le troisième entraînement à la pleine conscience nous accorde la liberté d’aimer tous les êtres et de transcender des concepts tels que l’orientation sexuelle. 

En tant que membre de l’Ordre de l’Inter-Être, je suis fier de mon mari, car nous pratiquons tous les deux ensemble et contribuons à notre sangha. Mon mari, Miguel, a joué un rôle déterminant dans la création de la Sangha Arc-en-ciel de Mexico, ce qui m’a permis de mobiliser mon énergie dans le soutien à la sangha de Mexico au sens large.


Être beaux, être nous-mêmes

Frieda G, 
Racines dansantes du cœur 
Sangha internationale arc-en-ciel et Sangha Queer de Paris 

Les Sanghas arc-en-ciel dont je fais partie sont des espaces de communauté, d’amitié, de joie et de soutien continu. Il est précieux de pouvoir tendre la main à des frères et sœurs qui partagent souvent les mêmes expériences, et de trouver la compréhension et la compassion sans avoir besoin d’expliquer qui je suis ou mon parcours. Ensemble, on pratique, on partage, on chante, on cultive la joie et l’harmonie ; nous nous enracinons ensemble dans notre pratique commune afin d’être plus à même de démêler nos nœuds et « être beaux, être nous-mêmes ». J’éprouve de la gratitude à la fois pour notre sangha queer et pour la place que nous occupons au sein de la plus large sangha multiforme. Nous continuons à couler ensemble comme une rivière.


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What is Mindfulness

Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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