En signe de gratitude envers Thich Nhat Hanh et afin de poursuivre concrètement son héritage, nous vous offrons quelques extraits du nouvel ouvrage How to Listen (comment écouter1).
Le pouvoir de l’écoute
écouter profondément une autre personne est une autre forme de méditation. Nous suivons notre respiration et pratiquons la concentration ; nous apprenons ainsi beaucoup de l’autre personne, découvrant des choses que nous ne connaissions pas auparavant. Lorsque nous pratiquons l’écoute profonde, nous pouvons aider la personne que nous écoutons à se libérer des perceptions qui la font souffrir. Nous pouvons rétablir l’harmonie dans nos relations, nos amitiés, notre famille, notre communauté, au sein de notre pays et entre les nations. C’est très puissant.
Nous avons besoin de nous entraîner
Nous devons écouter l’autre personne afin qu’elle ait la possibilité de s’exprimer. En général, nous faisons de notre mieux pour écouter mais, après quelques minutes nous ne pouvons plus continuer ; ce que partage l’autre personne touche la douleur, la violence et la colère qui sont en nous. Au départ, nous faisons le vœu de donner une chance à l’autre personne, même si ce qu’elle dit est injuste ou difficile à écouter. Mais, en raison de la violence, la peur, la douleur et la colère présentes en nous, il nous est difficile d’écouter plus de cinq minutes ; nous avons envie de réagir, crier ou fuir.
Nous avons perdu notre capacité d’écouter avec compassion, et nous devons nous entraîner de façon à pouvoir écouter à nouveau.
À l’écoute de nous-mêmes
Avant de pouvoir bien écouter une autre personne, nous devons prendre le temps nécessaire à l’écoute de nous-mêmes. Il nous arrive parfois d’essayer d’écouter une autre personne mais sans du tout entendre ce qu’elle dit et ce, en raison de nos émotions fortes et de pensées trop bruyantes présentes en nous, et qui réclament toute notre attention. Nous devrions être capables de nous asseoir avec nous-mêmes, de revenir en nous, à la maison, à l’écoute des émotions qui s’élèvent, sans les juger ni les interrompre. Nous pouvons également écouter toute pensée qui se manifeste, et la laisser passer, sans nous y accrocher. Après nous être accordé suffisamment de temps d’écoute, nous pourrons alors écouter les personnes qui nous entourent.
Comprendre notre souffrance
Si nous pratiquons l’écoute profonde envers nous-mêmes, nous pouvons nous comprendre, nous accepter, nous aimer et commencer à toucher la paix. Peut-être ne sommes-nous pas encore parvenus à nous accepter car nous n’avons pas la compréhension de qui nous sommes ; nous ne savons pas comment écouter notre propre souffrance. Nous devons offrir notre présence à la souffrance en nous, la sentir, et l’embrasser afin de la comprendre et lui permettre de se transformer progressivement. Il est possible que notre souffrance porte en elle celle de notre père, de notre mère, de toute la lignée de nos ancêtres, voire de toute notre nation. Si je m’écoute, je peux comprendre ma propre souffrance (la souffrance de mes ancêtres, de mon père, de ma mère) et ressentir alors une sensation de libération.
Rentrer à la maison avec la pleine conscience
Si nous cessons la sur-occupation de notre esprit et que nous revenons à nous-mêmes, notre souffrance va peut-être nous sembler intense. Cela s’explique par le fait que nous avons trop l’habitude de l’ignorer et que nous fuyons cette douleur. En nous immergeant dans les distractions, nous parviendrons à nous anesthésier un moment, mais la souffrance intérieure exige notre attention et fera tout pour l’obtenir.
C’est pour cette raison que la première pratique est celle de l’arrêt, du retour au corps, pour reconnaître nos sensations de souffrance (colère, angoisse, peur….). La souffrance est une énergie. La pleine conscience en est une autre, une énergie que nous pouvons inviter afin d’embrasser la souffrance. La première fonction de la pleine conscience est avant toute chose de reconnaître la souffrance pour, ensuite, l’embrasser.
La pratique ne consiste pas à combattre ou supprimer la sensation, l’émotion ; au contraire, il s’agit de la bercer avec tendresse. Lorsqu’une maman embrasse son enfant (même si elle ne comprend pas directement la raison de sa souffrance) son énergie de tendresse peut déjà soulager son enfant. Si nous reconnaissons et berçons la souffrance tout en respirant avec pleine conscience, le soulagement sera déjà présent. Votre souffrance cherche à attirer votre attention, elle veut vous dire quelque chose, et vous avez maintenant l’occasion de l’écouter.
Le livre ‘how to listen’ offre des pratiques concrètes pour nous aider à écouter profondément ce qui vit en nous et à apporter des solutions à nos problèmes les plus urgents.
How to Listen est disponible en anglais chez Parallax Press
- Cet ouvrage n’est pas encore disponible en version française ↩︎