« Les gens du monde ont souvent tendance à croire en l’une de ces deux vues : l’être et le non-être. Il s’attachent à une perception fausse. A cause de cette fausse perception, ils sont emprisonnés dans ces deux concepts : être et non-être. »
Ce Texte a été traduit par Thich Nhat Hanh à partir du Soutra 301 du Samayuktagama (n°99 dans l’édition révisée Taisho du Canon chinois). Il expose la vue juste qui nous permet de transcender les concepts d’être et de non-être. Il l met également l’accent sur l’interdépendance de toutes choses. Vous pouvez aussi vous référer au Soutra Kaccayanagotta dans le Samyutta Nikaya II, 16-17 du Canon pali.
Ce Soutra est récité régulièrement dans les centres de pratique du Village des Pruniers du monde entier, dans le cadre de nos sessions quotidiennes d’assise et de chant. Il nous enseigne comment pratiquer le Dharma véritable afin de vivre heureux dans le moment présent, libérés de tout complexe et de tout désir.
Vous pouvez retrouver la traduction suivante dans le livre Chants du Coeur, Thich Nhat Hanh (Editions Sully 2009).
Soutra de La Voie du Milieu
« Ainsi ai-je entendu le Bouddha enseigner, un jour où il demeurait à la maison des hôtes d’une forêt du district de Nala. ce jour-là, le Vénérable Kaccayana vint lui rendre visite. Après s’être prosterné aux pieds du Bouddha, le Vénérable se mit à côté de l’Éveillé, s’assit et demanda :
“Le Très Honoré a souvent parlé de la vue juste. Qu’est-ce que la vue juste? Comment le Très Honoré explique-t-il la vue juste ?”
Le Bouddha répondit à Kaccayana :
“Les gens du monde ont souvent tendance à croire en l’une de ces deux vues : l’être et le non-être. Il s’attachent à une perception fausse. A cause de cette fausse perception, ils sont emprisonnés dans ces deux concepts : être et non-être.Kaccayana, la plupart des personnes sont prisonnières des chaînes de la saisie et de l’attachement. Celles qui ne le sont pas ne saisissent et ne gardent plus rien ; elles sont libérés de la perception erronée de l’existence d’un soi séparé. Elles comprennent que la souffrance apparaît lorsque les conditions favorables sont réunies, et qu’elle s’éteint lorsque les conditions ne sont plus favorables. N’ayant plus aucun doute, leur vue n’est pas influencée pas celle des autres. En revanche, elle est le fruit de leur propre réflexion. Cette compréhension est ce que l’on nomme “vue juste”. C’est ainsi que le Tathagata décrit la vue juste.” (C)
“Mais pourquoi la décrit-il de cette façon ? Lorsqu’une personne à la vue juste observe la manifestation du monde, elle ne voit pas le monde comme non-existant. Ayant la vue juste, quand elle observe la dissolution du monde, elle ne voit pas le monde comme existant. Kaccayana, d’attacher à l’être est une vue extrême, et s’attacher au non-être est une autre vue extrême. Le Tathagatha se tient à l’écart de ces deux extrêmes et enseigne la Voie du Milieu. La Voie du Milieu signifie : ceci est parce que cela est ; ceci apparaît parce que cela apparaît. Parce que l’ignorance existe, la formation existe. Parce que la formation existe, la conscience existe. Parce que la conscience existe, le corps et l’esprit existent. Parce que le corps et l’esprit existent, les six organes des sens existent. Parce que les six organes sens existent, le contact existe. Parce que le contact existe, la sensation existe. Parce que la sensation existe, le désir existe. Parce que le désir existe, la saisie existe. Parce que la saisie existe, le devenir existe. Parce que le devenir existe, la naissance existe. Parce que la naissance existe, la vieillesse et la mort existent, et ainsi la souffrance s’accumule en une masse énorme. Mais avec l’extinction de l’ignorance, la formation cesse. Avec l’extinction de la formation, la conscience cesse. Sans conscience, l’e corps et l’esprit cessent. Sans corps et esprit, les six organes des sens cessent. Sans organes sensoriels, le contact cesse. Sans contact, la sensation n’existe plus. Sans sensation, il n’y a plus de désir. Sans désir, plus de saisie. Sans saisie, le devenir cesse. Sans devenir, la naissance cesse. Sans naissance, la vieillesse et la mort cessent, et finalement, la masse entière de la souffrance s’éteint.”
Aussitôt que le Bouddha acheva son discours, l’esprit du Vénérable Kaccayana s’illumina. Il se libéra de la souffrance, trancha tout attachement, et atteignit l’état d’Arahat. »(C-C)
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