Les rayons du soleil chevauchent l’espace et la poésie les rayons du soleil.
La poésie enfante les rayons du soleil, et les rayons du soleil la poésie.
Soleil tout au coeur du melon amer,
Poésie dans la vapeur qui s’élève d’un bol de soupe en hiver.
Le vent se cache dehors, tourbillonne.
La poésie est de retour pour hanter collines et prairies anciennes.
Pourtant, la pauvre hutte au toit de chaume demeure au bord du fleuve, elle attend.
Le printemps emporte la poésie dans sa bruine.
Le feu éclate en poésie de ses flammes orangées.
Les rayons du soleil au creux du bois odorant,
chaude fumée ramenant la poésie dans les pages
d’un livre d’histoire officieux.
Les rayons du soleil, bien qu’absents de l’espace,
emplissent le poêle maintenant teinté de rose.
Les rayons du soleil s’échappant prennent la couleur de la fumée ;
la poésie dans son silence, la couleur de la brume.
La pluie printanière retient la poésie dans ses gouttes
qui s’inclinent pour embrasser le sol,
et que germent les graines.
Sur les traces de la pluie, la poésie se pose sur chaque feuille.
Les rayons du soleil sont de couleur verte, et la poésie rose.
Les abeilles livrent aux fleurs la chaleur du soleil
qu’elles portent sur leurs ailes.
D’un pas de soleil vers la forêt profonde,
la poésie boit le nectar avec joie.
Excités par la célébration,
les papillons et les abeilles envahissent la Terre.
Les rayons du soleil mènent la danse, et la poésie les chansons.
Des gouttes de sueur tombent sur le sol dur.
Les poèmes volent le long des sillons.
La houe bien mise sur mon épaule, la poésie s’échappe du souffle.
Les rayons du soleil pâlissent en descendant la rivière,
et la silhouette de fin d’après-midi s’attarde à regret.
La poésie part pour l’horizon
où le Roi de Lumière s’emmitoufle de nuages.
Un soleil vert trouvé dans un panier empli de légumes frais,
un soleil bien cuisiné et savoureux embaume délicieusement
dans un bol de riz.
La poésie regarde avec des yeux d’enfant.
La poésie ressent avec un visage battu aux vents.
La poésie reste dans chaque regard attentif.
La poésie – les mains qui travaillent la terre pauvre et aride : quelque part, très loin.
Le sourire du soleil qui ouvre le tournesol ;
Le soleil mûr et plein qui se cache dans une pêche d’août ;
La poésie suit chaque pas méditatif,
La poésie aligne les pages.
Discrètement,
tout au fond des sacs de nourriture,
la poésie nourrit l’amour.
Ce poème, traduit du vietnamien par Hoang Thi Van, contient beaucoup de notions d’inter-être. Le soleil est vert car tu peux le reconnaître dans les légumes. La poésie naît du bois qui brûle dans le poêle. Sans lui, je ne peux écrire. Les dernières lignes du poème parlent de l’aide apportée aux enfants qui ont faim. Nous avons utilisé ce poème en guise de voeux de Nouvel An et Thây avait offert un Enseignement sur ce poème en mai 2002 au Village des Pruniers.