J’ai rencontré Thay pour la première fois lors de mon arrivée au hameau nouveau en 2007 pour la retraite de Noël et il en est ainsi chaque fois que je me rends disponible à l’évidence.
Les sourires radieux, la bonté, la disponibilité et la légèreté des sœurs vietnamiennes qui nous accueillent, c’est Thay !
L’harmonie, la douceur de l’air ambiant, cette quiétude légèrement enivrante qui saisit l’être et se reconnaît,
c’est encore Thay !
La grâce des mouvements, la danse harmonieuse de ces robes brunes qui s’activent et interagissent avec délicatesse et infini respect, c’est toujours Thay, en action !
Le chant des oiseaux qui se révèle plus intense, Le bruissement des bambous qui jouent avec le vent et les cloches qui au cœur du silence rythme l’instant au-delà du temps et de l’espace, c’est Thay qui nous murmure à l’oreille, «je suis chez moi, Je suis arrivé ! ».
Le métissage des cultures et des langues qui s’interpénètrent et se réjouissent de constituer une palette de couleurs chatoyante et toujours renouvelée, c’est Thay qui œuvre à la paix dans le monde.
Telle est la manifestation incarnée de Thay en moi : la sangha du village des pruniers. Cette communauté bien aimée qu’il a patiemment fait émerger de son cœur, puis organisée, chérie et nourrie de son art de vivre.
Puis le grand bonheur de marcher, m’asseoir, manger, respirer, contempler et m’abandonner à la présence de Thay.
Ces moments d’intimité silencieuse, de complicité intense où embrassé pleinement par ce qu’il est, tout devient si limpide, si transparent que la clarté et la paix de l’esprit s’imposent faisant disparaître toute pensée.
La simplicité de l’amour qui enveloppe et accueille tout ce qui est, sans la moindre discrimination.
Je me souviens particulièrement de ces moments de plénitude, de contentement sans objet, de présence suspendue assis dans l’herbe en cercles concentriques autour de lui, tel un mandala.
Ce désir indescriptible d’être à ses côtés, d’être immergé dans ce champ de pleine conscience où le jardin de l’humanité fleurit dans la confiance et la joie d’être pleinement vivant.
Aujourd’hui encore lors de cette journée de pleine conscience au hameau du bas, Thay est venu éveiller mon cœur par des élans de gratitude, comme un frisson d’émerveillement, une vague de tendresse qui parcourt le corps irrésistiblement.
Gratitude d’écouter et de voir le corps de continuation de Thay si vivant et inspirant dans le partage de notre jeune frère abbé Thay Phap Huu.
Gratitude de déguster le tofu “maison” et les légumes de la « happy farm » lors du repas formel, dans la grande salle de méditation, baigné dans cette atmosphère de simplicité fraternelle et de concentration détendue.
Gratitude de ce temps de partage en famille francophone, où l’énergie collective vibrante de bienveillance et d’écoute profonde offre les conditions si précieuses d’une parole qui apaise et soulève les voiles de l’illusion d’un soi séparé.
Enfin la sagesse de l’inter-être et la compassion en action, balises lumineuses qui me guident et me ramènent sur le chemin spirituel, lorsque le doute et la confusion s’emparent de mon esprit.
Telle est pour moi la transmission bien vivante et concrète de Thay, l’œuvre de sa vie.
Merci infiniment !
Frère bienveillance Son Ha, le 20 septembre 2020
Chant du Coeur Inspirée par tant de Beauté, La Lune reflète humblement La lumière du Soleil, Par Amour… Chaque pas a sa valeur propre Et détermine le suivant. Tout est juste pour celui Qui apprend à marcher Librement. Les pieds sur Terre Le chant des Etoiles Résonne en harmonie. La brise légère qui au loin Murmure tendrement, Allège le cœur Quand le pas trop lourd. Qui peut encore résister À cet appel ? Le temps est venu De la métamorphose. À travers la brume du matin Les premiers rayons irisés Diffusent dans le ciel Le parfum d’un nouveau-né. La vie en toute simplicité Sans rien exiger en retour Se manifeste à chaque Instant. Infini mouvement De formes et de couleurs Que rien ne peut figer. Heureux celui qui Joyeusement peut contempler. C’est le moment De s’abandonner À plus grand que soi. Ne rien retenir, L’envol de la feuille d’automne Tourbillonnant, Est soutenu amoureusement. L’espace et le temps Se rejoignent pour Gratifier cet instant De saveurs inédites. Chacun participe pleinement À cette célébration du vivant, Avec ce qu’il est. Dans le jardin Les fleurs se dressent Vers le ciel, Adossées l’une à l’autre Leurs fragilités deviennent Tendresse. Notre Mère la terre Sourit de nous voir complices, Nous ses enfants Si souvent perdus Dans le labyrinthe Du «je suis » Ici plus de frontière Tout Inter-est, toujours. Apparitions et disparitions Au rythme des saisons, L’évidence est à la transformation. Voir et goûter vraiment Ce qui est là Juste devant, offert ! L’univers déploie ses talents Généreusement, Sans comparaison ni attachement. Le chemin est la réalisation La réalisation est le chemin. S’arrêter, respirer, accueillir Deviennent les clés Du bonheur véritable, Celui où rien n’est espéré ! Et lorsque son double La souffrance Se manifeste, Elle est embrassée À bras ouverts, grands, très grands. Je sais que tu es là, Et je suis là pour toi ! La lutte est vaine Lorsque l’émotion paraît, Seul l’amour a le pouvoir De guérir les Cœurs. La Montagne pleure Alors la Rivière se réjouit. Les arbres s’inclinent Devant tant de sincérité Et s’enracinent dans La confiance. Quand viendra la tempête, Avoir pris refuge Sera une bénédiction. Même les vagues Les plus sauvages Finiront par redevenir Océan calme et limpide. En tous temps et en tous lieux Notre communauté bien aimée Est et demeurera le temple De notre profonde aspiration. Vivant en paix et en harmonie Tous nos ancêtres réunis, Générant la compréhension Et la compassion Pour tous les êtres Sans discrimination. La fleur offre sa beauté Aux pèlerins émerveillés Sans raison et sans attente. Frère bienveillance / Duc Hien
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