Extrait de journal d’une de nos soeurs lorsqu’elle a été pour la première fois l’assistante de notre maître en novembre 2010
“Je me sens éveillée par l’énergie de Thay ce soir, cette journée a été incroyable et très belle.
Je ressens une énergie forte et profonde, la présence de Thay est comme une lumière qui guérit les plaies, juste en rayonnant. Je me sens-là. La lune est presque pleine, le chant des chouettes résonne dans le bois, il fait froid et il y a un bruit d’eau paisible ; Un peu comme un soir de solstice, Je marche en silence sous la lune…
Aujourd’hui j’ai touché profondément les Trois Joyaux et je réalise que mon projet est là : l’amour des Trois Joyaux. Cet amour c’est la liberté : la richesse la plus pure, la plus profonde et la plus légère qui soit. C’est un amour à portée de main, à portée de vie : dans chaque geste, dans chaque parole et dans chaque pensée. Si je cultive cet amour, je resterai en contact avec l’énergie de vie forte, avec ma vitalité.
Thay est tellement solide, tellement ancré et tellement silencieux. Lorsqu’il parle ou agit c’est comme une empreinte gravée à jamais sur le sol de la réalité. Ses actes sont purs et intimes, pesants, tellement présents. Aujourd’hui, j’ai vu ce qu’est réellement un être éveillé dans ce monde, ça existe ! Quel cadeau dans cette vie ! Comment remercier ? Répandre la compréhension et l’amour…une mission.
La journée a été forte en émotions, donc…
Oui je suis maladroite, oui je suis imparfaite ! Et courir après la perfection m’épuise en vain. En fait, je n’en peux plus de jongler sans cesse, alors, maintenant je n’essaie plus du tout de rattraper les balles… ou quoi que ce soit d’autres d’ailleurs.
Aujourd’hui avec Thay, je laisse tomber toutes les balles par terre… et je me sens très libre. J’ai fait plein d’erreur comme attendante, j’ai eu honte devant les grands frères et les grandes sœurs…mais je sais aussi que je vais très bien dormir ce soir !
La journée commence vers 7h30 dans la chambre de Thay avec Sr D. Nghiem et Sr H. Nghiêm. Nous préparons le thé, le poêle à bois, les radiateurs et les verres à thé pour le repas formel ; puis les stylos pour le tableau blanc, les chaussons…et on attend Thay et Sr Chan Khong qui arrivent de l’ermitage pour passer la journée de pleine conscience au hameau du bas. Tout se passe ensuite très vite ! Je ne réalise pas vraiment… Thay entre puis sort ; Il est déjà dehors sous la pluie : je cours derrière lui avec le parapluie ! Pendant l’enseignement je m’endors à moitié, alors je prends des notes pour rester éveillée : je suis sur le qui-vive. Nous sortons et marchons vers sa chambre. Ensuite Thay se repose. Pendant que je vais aux toilettes, il est déjà debout ! Et les invités arrivent : je sers le thé. C’est la première fois que je le prépare ; j’ai chaud, j’ai mal aux bras à force de balancer le hamac et en même temps je suis incroyablement heureuse !
Thay est détendu dans son hamac, comme un petit bébé. Il n’y a pas de marche méditative aujourd’hui parce qu’il pleut. Bientôt, la cloche sonne pour le repas. Je suis seule avec Thay, alors je marche derrière lui et je n’ai aucune idée de ce qui va arriver…Nous entrons dans la salle à manger, je cafouille…tous les frères et les sœurs sont là, me regardent… Sœur H. Nghiem me dit deux ou trois mots en faisant de gros yeux. J’ai tout faux ! en effet, j’ai oublié de donner son chapeau à Thay et j’ai fait plein de bruit en ouvrant les couvercles des casseroles. On y va, on marche. Parapluie. En arrivant en bas, Thay rentre et je reste dehors pour plier le parapluie. Erreur ! Je suis coincée ! Les grands frères vénérables passent devant moi et je ne peux pas entrer. Pareil du côté des sœurs. Je veux revenir sur mes pas mais la file ne me permet pas de passer. Je voudrais rentrer par l’autre porte…impossible. Appel salutaire de Sr H. Nghiêm qui me fait couper la file des frères à deux reprises pour entrer enfin ! Je comprends : on pli le parapluie dedans évidemment, pour rester près de Thay sans traverser la file ! Pause pendant le quart d’heure du repas…je me détends. Gratitude. Sortie comme il faut. Couloir. Danse entre les portes, les chaussures, la porte des toilettes…et Thay.
Après le thé, Thay me dit au revoir et merci, en français et pose sa main sur ma tête…
On range la chambre, je raconte ma journée aux sœurs : ” I did all wrong and I am very very happy !” (J’ai tout fait faux et je suis très très heureuse). Comme une enfant qu’on met à l’eau pour qu’elle apprenne à nager : elle bat des bras, boit la tasse, apprends toutes seule…et nage !
A dimanche prochain pour la suite. Autre étape. Je me sens bien, renaissance, bonheur. Dodo.
Avant de dormir ce soir, un poème nait en moi :
Ne cherche rien, laisse tes idées sur la méditation assise, la pratique…
Apprécie ta respiration comme tu sais apprécier la lune ou le lever du soleil
C’est tout. Lâche ! le bonheur est bien là.
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