Un moment de gratitude à l’occasion du jour de continuation de Thây

À l’occasion de la célébration de la poursuite de l’œuvre de notre cher enseignant, nous avons le plaisir de partager avec vous quelques témoignages sincères de gratitude et de transformation, offerts par des moines et moniales, des enseignant.e.s du Dharma et des membres laïcs de notre Sangha multiple.

Extraits de la revue américaine ‘Mindfulness Bell’ (N° commémoratif 89, “Gratitude envers Thich Nhat Hanh”) et de réflexions personnelles, ces témoignages nous offrent un aperçu de la façon dont les enseignements de Thich Nhat Hanh touchent encore aujourd’hui de nombreuses vies, inspirant la pratique et nous guidant dans l’incarnation de la pleine conscience, de la compassion et de l’inter-être.

Mon corps finira par se désintégrer, mais mes actions se poursuivront après moi.

Thich Nhat Hanh

Un guerrier spirituel

Lorsque j’ai entendu pour la première fois la chanson ’24 heures toutes nouvelles’ chantée par Ha Thanh, j’ai été profondément émue et j’ai ressenti un élan d’amour ‘patriotique’ monter en moi. À travers cette chanson, j’ai également pu percevoir l’amour profond que Thay portait à notre peuple et à notre pays. Thay nous expliqua avoir composé cette chanson après avoir soudainement appris qu’il ne pourrait plus retourner dans son pays natal. Lorsque Thay est parti à l’étranger pour appeler à la paix et à la fin de la guerre au Vietnam, il avait prévu de ne rester que quelques mois. Tous ses amis, ses proches et les membres de la sangha étaient encore au Vietnam ; alors, en apprenant qu’il ne pourrait pas revenir, Thay s’est senti désorienté, comme un arbre déraciné.

Par la suite, Thay raconta avoir gardé cette annonce pour lui seul, pendant cinq jours, sans en parler à qui que ce soit. Il se contentait de pratiquer la méditation marchée et la respiration consciente, sans penser à rien. Grâce à cette pratique diligente, il a retrouvé son calme. C’était en 1966, alors qu’il avait 40 ans et était moine depuis plus de 20 ans. Cela prouve qu’il est essentiel de ne pas sous-estimer la pratique qui consiste à revenir à notre respiration, à nos pas, pour rétablir notre paix, quelle que soit notre ancienneté dans la pratique. La chanson ‘Vingt-quatre heures toutes nouvelles‘ évoque les images familières de sa patrie qui nourrissaient Thay. À l’étranger, tout ce qui l’entourait lui était étranger. Grâce à son amour profond pour son pays et son peuple, Thay a pu surmonter les difficultés. C’est là l’esprit d’un guerrier spirituel. ~ Soeur Quy Nghiem

Thay au Temple Racine Từ Hiếu, Pagode de Hue, Vietnam

Renouveler la pratique bouddhiste et l’adapter à notre époque

Au moment où j’écris ces lignes, je pense à l’héritage laissé par Thay quant au renouvellement des pratiques bouddhistes ; je pense aussi à tous les efforts qu’il a déployés pour faire connaître au monde entier la pratique consistant à inviter et à écouter le son de la cloche, et sa signification. Je ne peux imaginer combien d’enseignements du Dharma notre maître a dû offrir sur ce sujet. Le simple fait d’arrêter tout ce que nous faisons lorsque nous entendons la cloche sonner, y compris nos pensées et nos conversations, et de recentrer toute notre attention sur notre respiration consciente a été inventé ou adapté par notre maître. Avant cela, dans les temples, la cloche n’avait pas cette fonction ou cette signification explicite. Thay a formulé cette pratique comme un remède pour notre époque, un antidote à notre culture moderne de course et d’accaparement et à notre incapacité à être pleinement présent.e.s à ce qui se passe dans l’instant présent, aux prises avec notre constante réflexion excessive. ~ Frère Phap Dung

Corps, Parole et Esprit en parfaite harmonie, je vous envoie mon coeur avec le son de cette cloche…

Transformation et Guérison

Mon bébé Thomas est né de manière inattendue avec une maladie respiratoire rare. J’ai vécu avec lui à l’unité néonatale de soins intensifs (UNSI), le tenant dans mes bras et le réconfortant jour et nuit. Je me suis sentie poussée à placer le livre de Thay, ‘La paix à chaque pas’, dans le grand berceau à côté de l’équipement médical. La simple présence de ce livre puissant m’a apporté un sentiment de paix. Ces nombreuses semaines passées à l’hôpital avec le petit Thomas ont été comme une retraite. Je me concentrais sur chaque respiration laborieuse de mon bébé. Le caractère sacré de chaque respiration et de chaque instant m’est apparu de manière douloureuse mais magnifique. Merci, Thay, de m’avoir appris à respirer, à apprécier et à aimer. ~ Lisa

Chaque jour, je vois la souffrance et la joie coexister, et les enseignements sont un véritable guide pour naviguer entre les deux. Les enseignements de Thay m’ont aidée à retrouver ma spiritualité et à développer ma compassion et mon empathie envers les personnes avec lesquelles je suis en désaccord. Chaque jour, je vois l’Inter-être autour de moi, et c’est extrêmement apaisant. Merci à Thay et à toute la communauté du Village des Pruniers. J’espère un jour pouvoir me rendre dans l’un des centres et faire l’expérience de la communauté, en personne. ~ Mary Moran

Même si j’écrivais sans relâche jusqu’à ma mort, il me serait impossible de décrire pleinement l’influence que Thich Nhat Hanh et les communautés du Village des Pruniers, en France, en Allemagne et en Californie, ainsi que tous les enseignements du Dharma, les livres, les calligraphies, les gathas et les sanghas ont exercée sur ma vie et sur celle de mes proches. Je ne peux garder ce trésor pour moi seule. Thay a été présenté à nos étudiant.e.s en Ouganda, en Tanzanie, en République démocratique du Congo, au Burundi et au Rwanda, et certaines de ces personnes s’intéressent grandement à la pratique de la pleine conscience, de la concentration et de la vision pénétrante. ~ Gabriela

Il y a quatre ans, j’ai été frappé d’une crise cardiaque mais, malgré le pronostic des médecins, les enseignements de Thay sur l’impermanence et l’interdépendance m’ont permis de ne pas céder à la peur. J’ai médité sur mon cœur et étudié les soutras sur L’autre rive et Le diamant, ce qui m’a permis d’approfondir ma compréhension de l’interdépendance et de l’impermanence. J’ai commencé à méditer davantage et à pratiquer la marche méditative, ce que je n’avais jamais fait auparavant. Cela m’a apporté beaucoup de compréhension et m’a aidé à guérir. Quatre ans plus tard, je n’ai plus aucune séquelle au niveau du cœur. ~ Mark Dawes, Royaume-Uni

J’ai écouté les enseignements de Thay alors que je traversais l’une des périodes les plus difficiles de ma vie, aux prises avec un traumatisme d’enfance et à la recherche d’une voie vers la conscience de soi. Les enseignements de Thay ont guéri mon âme et m’ont conduit à une vie consciente, empreinte de compassion et d’amour bienveillant. Je suis reconnaissant envers Thay pour sa présence et pour tous les enseignements qu’il a partagés avec le monde. ~ Vy Vu, Vietnam

Récemment, j’ai participé à une retraite Wake Up à la Maison de l’Inspir. Alors que j’étais assise dans le bus qui me ramenait chez moi, contemplant les arbres printaniers et écoutant de la musique, j’ai ressenti une joie profonde. J’ai trouvé la paix intérieure face à mes difficultés et mes dilemmes, et j’ai hâte de voir comment je peux adapter les Cinq Entraînements à la Pleine Conscience pour continuer à servir le monde. Merci, Thay, de m’avoir inspirée par votre travail et grâce à tous.tes celles et ceux qui partagent la pratique de la pleine conscience. J’ai même reçu un nom de lignée, ‘Chemin lumineux de la source’, pour lequel je suis très reconnaissante. ~ Josefina Koloski, Pays-Bas

Ce que j’appréciais tant chez Thay et que je souhaite perpétuer, c’est la voie du bodhisattva Sadaparibhuta, qui consiste à toujours voir le meilleur chez les gens et à leur faire prendre conscience de leurs qualités. Thay y croyait fermement. Il a un jour cité un soutra du Bouddha qui dit que si quelqu’un n’a qu’un seul œil, il faut protéger cet œil. Cela signifie que le pratiquant est faible, mais qu’il a toujours une aspiration. Protégez cette aspiration, ne soyez pas trop sévère. Thay avait toujours beaucoup de compassion. Sa compréhension était immense.

Soeur Eleni

Reconnaître Thay au-delà de la forme

Je me souviens des fois où j’ai accompagné Thay lors de ses voyages en Chine ou en Corée. Nous visitions d’anciens monastères aux vieilles bibliothèques mansardées remplies de blocs de bois à partir desquels étaient imprimés les soutras. À deux reprises, Thay me montra le gatha du Soutra du Diamant (Vajracchedika Prajnaparamita Sutra) :

Celui qui me cherche dans une forme
Ou me poursuit à travers un son,
celui-là pratique une voie erronée
Et ne peut voir le Tathâgata1.

De nombreuses années durant, j’ai été prisonnière de cette abstraction, de cette incompréhension. Ce matin, j’ai vu un Thay bien plus grand. En tant que sœur aînée, je dois parfois jouer le rôle d’enseignante auprès de mes frères et sœurs plus jeunes. Je dois moi aussi m’entraîner à les regarder sans jugement et à reconnaître que Thay est présent en chacun.e d’eux. ~ Soeur Chan Duc2

Soeur Chan Duc, une continuation de Thay

Que puis-je dire à propos de mon cher maître ?

Un poème de Larry Ward (True Great Sound)3

Que puis-je dire à propos de mon cher maître ?
Je peux dire que le doux murmure de sa voix dans la nuit obscure de la confusion, de la peur et du chagrin, nous ramène à notre véritable nature.
Je peux dire que ses enseignements apportent la pluie du Dharma, nous baignant d'une énergie de guérison dans la paix bienfaisante de nos vies.
Je peux dire que ses pas légers sur la terre chevauchent les vents de la paix, le tonnerre de la compassion, et reflètent le puissant clair de lune de la compréhension.
Je peux dire que, sans relâche, il s'engage de tout son être dans la plus noble des causes, celle de guérir et de transformer les vagues déferlantes de nos ombres.
Je peux dire que j'aime mon maître parce qu'il a nourri le professeur en moi afin que je m'éveille, m'éveille, m'éveille.
Je peux dire que sa pratique, sa prose et sa poésie parlent avec la beauté et la clarté du Bouddha qui se trouve en chacun et chacune de nous.
Je peux dire qu'en ce jour même, nous avons la chance d'être ici ensemble, en contact avec le miracle de la respiration profonde et le moment sacré de la conscience pendant lequel nous sommes touché.e.s par ce qui est de nature à ni partir ni venir.
Nous voici donc ensemble dans le cœur de Thich Nhat Hanh.
Ensemble dans le coeur de Thich Nhat Hanh

Ensemble, poursuivons l’œuvre de Thay

J’ai rencontré Thay pour la première fois il y a 20 ans, après avoir lu pendant des années ses enseignements et finalement participé à une retraite. Notre fondation caritative venait en aide aux enfants vulnérables de nombreuses écoles situées le long de la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, ainsi qu’au Vietnam. Thay, qui réfléchissait déjà à sa continuation, souhaitait protéger et poursuivre la formation et le soutien de sa sangha monastique. Au cours de nos conversations, la clarté de son intention et la détermination de ses décisions donnaient l’impression qu’il voyait s’étendre devant lui une centaine d’avenirs possibles à partir de chaque instant, choisissant délibérément chaque étape sur un chemin conscient.

Même les gestes les plus ordinaires avec Thay étaient empreints de pleine conscience et de gratitude. Je me souviens avoir marché avec Thay et Sœur Chan Khong le long d’un bosquet d’arbres, chacun de nous découvrant une pomme, et le monde s’arrêtant dans la simple expérience de la savourer, sans paroles, en présence les un.e.s des autres. Moment présent, moment unique. Chaque fois que nous nous retrouvions, Thay prenait mes mains dans les siennes, et nous nous regardions un instant, respirant, souriant. Il commençait souvent ces visites en offrant un court enseignement.

Même si nous ne pouvions nous voir en personne qu’une seule fois par an environ, la voix de Thay s’est peu à peu intégrée à ma voix intérieure, puis, au fil du temps, à celle de mes enfants, de mon épouse, de ma famille et de mes amis. Son enseignement a eu le même effet sur une multitude d’autres personnes : il nous a appelés à devenir meilleurs, nous a ramenés en douceur au moment présent, nous a inspirés à traiter les autres et nous-mêmes avec compassion et compréhension, et nous a encouragés à faire le prochain pas intentionnel sur le chemin de la pleine conscience. ~ John P. Hussman

En ce jour de continuation de Thây, nous sommes invité.e.s à pratiquer l'écoute profonde, ensemble, toutes et tous, telle une offrande collective de pleine conscience, de gratitude et de continuation. (Comme nous le propose cet article, voir ici)

Quelques références en français

  1. Soutra du Diamant ↩︎
  2. Lettre à Thây, par Soeur Chan Duc ↩︎
  3. Hommage à Larry Ward ↩︎

Et quelques ressources en français ou anglais

(Une traduction française pourrait être proposée prochainement sur notre site)


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What is Mindfulness

Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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